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MÉCANIQUE CÉLESTE.

vai inême que les équations séculaires, soit de la Lune, soit de son périgée, sont sensibles dans les moyens mouvements de la Lune et du périgée, conclus par Hipparque et Ptolémée des éclipses anciennes comparées avec elles-mêmes, en sorte que, si l’on ne connaissait pas d’ailleurs l’époque où ces astronomes ont-vécu, on pourrait la retrouver, à un siècle ou deux près, par ces moyens mouvements. J’ai reconnu ainsi que les Tables de la Lune, rapportées de l’Inde par Legentil, loin de remonter, comme Bailly le pensait, à trois mille ans avant notre wd re, sont moins anciennes que les Tables de Ptolémée.

M. Bouvard a comparé avec ma théorie toutes les observations anciennes et arabes et un grand nombre d’observations modernes. Ce travail utile, couronné en 1800 par l’Institut de France, ne laisse aucun doute sur l’existence des trois équations séculaires de la Lune et sur leur grandeur respective.

L’Académie royale des Sciences de Stockholm proposa en 1787, pour le sujet du prix qu’elle devait décerner en 1791, la cause des équations séculaires de la Lune, de Jupiter et de Saturne. Aucune pièce ne lui étant parvenue pour le concours, elle adjugea le prix à mes recherches qui, depuis trois ans, étaient publiées et qui lui parurent contenir la solution complète de la question proposée. Ce prix, décerné par une Société savante aussi célèbre, me flatta d’autant plus qu’il était inattendu.

La conformité de la théorie lunaire avec les observations établit plusieurs points importants du système du monde. On voit d’abord que la résistance des milieux éthérés et la transmission successive de la gravité n’ont point d’influence sensible sur les équations séculaires de la Lune, puisque l’attraction seule des corps célestes suffit pour représenter les observations. D’ailleurs, l’équation séculaire du périgée, bien constatée par les observations, suffit pour exclure l’une et l’autre de ces causes, puisqu’elles ne produisent aucun mouvement dans le périgée. C’est ainsi que les phénomènes, en se développant, nous dévoilent leurs véritables causes. Nous sommes donc certains que les milieux éthérés, depuis les observations les plus anciennes, n’ont point