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MÉCANIQUE CÉLESTE.

serait très-sensible dans les observations de cette planète en quadrature.

On verra dans la suite qu’une différence d’un millionième dans les actions du Soleil sur la Terre et sur la Lune changerait de plusieurs secondes la parallaxe du Soleil, conclue de la comparaison de l’inégalité parallactique lunaire observée avec sa valeur, donnée par la théorie, et qui, comme je l’ai dit, s’accorde parfaitement avec les observations. Il est donc bien prouvé que l’attraction du Soleil imprimerait en temps égal la même vitesse à la Terre et à la Lune, placées à la même distance de cet astre. Cette attraction n’est donc point modifiée par la nature des substances qui composent la Terre et la Lune. Si, en pénétrant dans l’intérieur de ces corps, elle s’affaiblissait et s’éteignait comme la lumière en traversant l’atmosphère, cette extinction serait différente pour la Terre et pour la Lune, en vertu de la différence de leurs dimensions. Je trouve, par un calcul fort simple, qu’une très-petite extinction de l’attraction solaire produirait une différence sensible et inadmissible dans la valeur de l’inégalité parallactique. Ainsi l’interposition des corps n’altère point l’attraction d’une molécule sur une autre, ce qui confirme ce que nous venons de dire sur cet objet.

Enfin M. Bouvard, ayant formé des Tables très-exactes de Jupiter et de Saturne, fondées sur la théorie que j’ai donnée de ces planètes, et les ayant comparées à un très-grand nombre d’observations, a formé des équations de condition, dans lesquelles il a pris pour indéterminées les corrections des éléments elliptiques et des masses de Jupiter et de Saturne. Il en a conclu la masse de Jupiter, qu’il a retrouvée la même que Newton avait déterminée par les élongations des satellites de Jupiter, mesurées avec beaucoup de précision par Pound. Les grandes perturbations des mouvements de Saturne et de Jupiter prouvent donc que Jupiter agit sur Saturne comme sur ses propres satellites. Ainsi la propriété d’attirer également tous les corps placés à la même distance appartient à chaque partie de la matière. Les doutes qu’on a élevés sur cette propriété fondamentale de la loi d’at-