Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/122

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Rien ne diffère entre eux… pas même le péril :
Tous sont également bordés de précipices’,
Peuplés d’illusions et de fleurs tentatrices ;
Partout, de sombres voix, des cris désespérés
Promettent au vaillant les combats désirés ;
Partout l’or des fruits mûrs et le parfum des ruches,
Partout les oasis lui dressent leurs embûches.

Le prudent voyageur, qu’il s’est perdu de fois,
Qu’il a pris et quitté de chemins dans les bois !
Seul, à bout de calculs, errant à l’aventure,
Il n’a plus qu’à lâcher la bride à sa monture ;
Lorsqu’il entend, là-bas, poindre un bruit de chanson.
Une voix s’approchait en longeant le buisson ;
L’accent était si doux qu’il vous saisissait l’âme,
Et le soupçon fuyait la chanteuse… ange ou femme.
« Jamais, se dit le preux, sorcières ni lutins
N’ont eu ce timbre pur et ces sons argentins. »