Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/125

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 — « Moi, je n’ai rien perdu, messire chevalier ;
Je suis dans mon chemin ; ce bois m’est familier ;
J’en appris les secrets de mon parrain l’ermite,
Saint homme à qui tantôt j’allais rendre visite. »

— « Or si l’on rencontrait, seule à courir les bois,
Au lieu de son féal un rôdeur discourtois,
Un nécroman ? »

                           — « Je sais que votre bonne lance
A purgé la forêt de cette mal-engeance.
Or, peut-être la lance a besoin du fuseau
Pour débrouiller ce soir un perfide écheveau ;
Et je puis, vers le but qui fuit à votre approche,
Guider l’homme sans peur, moi fille sans reproche. »

— « Partons, et le sentier fût-il sombre et mauvais,
Si vous me conduisez, c’est au ciel que je vais.