Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/126

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Mais nous serions honnis, moi, Bayard, et ma lame,
Si j’osais chevaucher ainsi près d’une dame,
Quand ses beaux petits pieds à tenir dans la main
Se meurtriraient pour nous aux cailloux du chemin.
Montez, voici mon bras et voici votre place :
Vous serez pour Bayard un fardeau qui délasse. »

Ainsi fut fait ; la belle, alerte et sans effroi,
Saute en croupe et s’assied sur le bon palefroi ;
Et, sous ce poids léger, la bête au cou de cygne
Se cabre allègrement et part au premier signe.

Or, pour se maintenir, l’enfant au cavalier
Comme une vigne à l’orme avait dû se lier,
Et d’un bras arrondi contre la noire armure
L’enlacer fortement d’une étroite ceinture.
C’était, sans la chercher, sur la place du cœur
Qu’elle appuyait ainsi sa douce main de sœur.