Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/127

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Les gantelets pendaient à l’arçon de la selle.
Le preux mit une main sur la main de la belle,
L’osa saisir, enfin la pressa longuement ;
Et la main restait là, comme un consentement.

Tremblants tous deux de faire envoler cette étreinte
Ils se taisaient ; le charme était mêlé de crainte :
Mais le cœur le plus pur ne pouvait s’y tromper,
Au dangereux silence il fallait échapper.

— « Chevalier, dit l’enfant, je crois que je sommeille !
Voici dans l’air un bruit qui passe et qui m’éveille ;
Il se répète encor ; je ne l’ai pas rêvé :
C’est un clocher lointain qui nous sonne l'Ave !
S’il vous plaisait prier avec moi, tout à l’heure ?
Quand elle est faite à deux la prière est meilleure. »

— « J’ai même foi que vous, j’ai même espoir, prions !
Récitez les versets, je dirai les répons. »