Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/139

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La cuirasse et l’écu sont faussés ; le haubert,
Bosselé, d’une rouille épaisse est recouvert.
Le preux n’a sous sa main qu’un tronçon de sa lance ;
Sa harpe a disparu. Son glaive et sa vaillance,
Son vœu de marcher droit dans son âpre sentier
Et son amour… c’est tout ce qu’il gardait d’entier,

Il s’éveille, et debout, l’œil fier, sans un murmure,
Il prie, en rajustant tous ces lambeaux d’armure.
Or, voilà qu’en formant un grand signe de croix,
Il sent, contre l’acier, s’agiter, sous ses doigts,
Un chapelet de buis… Ô trouvaille imprévue !
Celui qui l’autre soir, s’il en croit à sa vue,
Bénissant et charmant les longueurs du chemin,
S’égrenait sur son cœur dans une blanche main.
D’où vient ce don ? quelle est cette fortune étrange ?
Est-ce un larcin commis pour lui par son bon ange ?
Sa dame est donc venue, elle a prié pour lui,