Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/141

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Ses pieds semblent baignés par un Océan noir ;
Un nuage léger, vermeil, riant à voir,
Dorant de ses reflets la nuit qui l’environne,
Descendu sur son front le voile et le couronne.
Dans l’or de ces brouillards fantasques et charmants
L’œil se joue et bâtit de vagues monuments :
Le voyageur subit ce merveilleux prestige ;
Un instinct vers ce but, malgré lui, le dirige :
Il marche, en méditant, plein de joyeux accords ;
Le vol de sa pensée a soulevé son corps.


« Triste et seul je portais la vie
Pour garder l’honneur jusqu’au bout.
Je combattais, sans autre envie
Que mourir en restant debout.

Sans m’avouer ma lassitude,
Je sentais bien, à chaque pas,