Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/149

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Devant ce talisman les deux s’abaisseront ;
Monte ! et si tu ravis des perles inconnues,
Reviens en étoiler son front.


La montagne au couchant rayonnait haute et Gère.
Lui fasciné, poussé du cœur vers la lumière,
Il court, et dans sa foi rien ne peut l’ébranler ;
Mais le brillant sommet paraissait reculer.
Chaque jour, forçant l’homme à de nouveaux miracles,
Abrégeant la distance entassait les obstacles.
Tous ses premiers combats n’étaient que jeux d’enfant :
Cent hydres succédaient à l’hydre qu’il pourfend ;
Des gouffres ténébreux s’ouvraient dans chaque ornière ;
Tout l’enfer s’amassait pour la lutte dernière.
Un monstre à chaque pas, né de l’air ou du sol,
Lui barrait le chemin, le heurtait dans son vol ;
Ce n’étaient que géants, dragons de toutes tailles ;
Et le fer s’ébréchait sur leurs dures écailles.