Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il part ; et si la dent ou la griffe le blesse,
Le sourire émoussé meurt contre sa sagesse,
Et pas plus le soupir que le rugissement
De son ferme sentier ne l’écarté un moment.
Il parviendra ! Voici le rocher sur la grève :
Ses deux mains ont touché ce qu’avait vu son rêve.
Mais combien las, vieilli, consumé par l’effort,
Et dans quel dénuement il va gagner le port !
N’ayant pour assaillir la muraille escarpée
Qu’un chapelet de buis et qu’un tronçon d’épée.

Au milieu d’un jardin fermé d’un haut rempart,
L’immaculé donjon invitait le regard ;
Il émergeait de l’ombre et de la roche noire ;
Le jour naissant jouait sur les créneaux d’ivoire,
Et le preux saluait du cœur la blanche Tour.
Du long mur qui l’enserre il fait vingt fois le tour :
Pas de brèche, une porte unique, elle est barrée !