Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/166

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Et, sur l’échelle d’or promenant leur extase,
Ils parcouraient la tour du sommet à la base,
Les salons constellés du feu des diamants,
Et, dans un demi-jour, mille réduits charmants.
Puis à travers les bois, les vergers, les prairies,
Pas à pas, ils cueillaient la fleur des rêveries ;
Goûtaient, en souriant, sur des arbres amis
Tous les fruits délicats au pur amour permis.
Parfois ces deux aiglons, ou ces deux hirondelles,
Jusqu’au fond de l’azur volaient à tire-d’ailes
Leur âme, en ses élans fiers ou capricieux,
Des sublimes pensers parcourait les dix cieux.
Ce couple allait ainsi, gai, souriant, austère ;
Tantôt perçant le ciel, tantôt rasant la terre ;
Comme aux jours de l’Éden le premier couple humain,
Ils glissaient dans les fleurs en se tenant là main.
La vipère infernale expirait sur l’entrée ;
Car la croix dominait cette chaste, contrée.