Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/167

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Ils se disaient tout bas des mots inachevés
Et compris sans parole aussitôt que rêvés :
Un regard, un soupir, une main mieux pressée,
Je ne sais quel accent achevaient leur pensée.
Ces deux cœurs se mêlaient comme deux coupes d’or
Qui du miel et du vin se versent le trésor ;
Dans le doux sacrifice offert d’une même âme,
L’un répandait l’encens, l’autre attisait la flamme.
Ainsi, pour louer Dieu dans un hymne commun,
Le ciel donne une brise et la terre un parfum.
C’étaient de longs propos, mais un plus long silence
Où l’esprit se recueille et tout à coup s’élance,
Où le rêve poursuit le geste commencé,
Où tout s’exprime, enfin, sans un mot prononcé.

Le jardin tout entier s’était fait leur complice :
Les oiseaux dans les nids, la fleur dans son calice,