Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Au détour d’un rocher, le coteau m’apparaît
Où trôna seul, jadis, le roi de la forêt.
Étonnés, dans une ombre où tout chante et fourmille,
Trouvant, au lieu du père, une immense famille,
Nous entrons sous un dôme où de minces piliers
Formaient d’étroits arceaux et poussaient par milliers.
Les hameaux enlacés verdoyaient sur nos têtes ;
Tout un peuple d’oiseaux y célébrait ses fêtes.
Les nids et les essaims, effrayés par moments,
Nous poursuivaient de cris et de bourdonnements.
Le bois se défendait, vierge encor de visites.
D’inextricables nœuds, ronces et clématites,
Le troëne et le buis nous retenaient captifs.
Les hêtres et les pins, les érables, les ifs,
Semés là par le vent des montagnes prochaines,
Y luttaient de vigueur avec les jeunes chênes.
Tout vivait sur ce sol que j’avais laissé nu.
L’homme absent, il semblait que Dieu fût revenu ;