Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/20

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Les ruisseaux ombragés de peupliers et d’aunes,
Courent en noirs rubans parmi les moissons jaunes ;
Encadrés de cet or, et tels que des miroirs,
Les étangs argentés brillent près des manoirs ;
Des chemins blancs, bordés d’une verdure étroite,
Du couchant au levant courent en ligne droite,
Et, là-bas, à nos pieds, liant la plaide aux monts,
Dort une humble cité, berceau que nous aimons.

Montons ; les chevriers nous ont tracé la voie
Vers ce reste de neige où te soleil flamboie ;
Dans un pli des forêts, il brille en ce moment
Au front du rocher noir, comme un gros diamant.
Bien ! nous avons franchi la zone où croît le hêtre ;
Sous les sapins géants, les myrtils vont paraître.
Voici dans la bruyère un tapis rose doux
Tout prêt pour y dormir ou s’y mettre à genoux.
Un filet d’eau jaillit sous ces blocs de basalte ;