Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Dans ces temples ombreux, de jour en jour plus rares,
Respectons le trésor des germes infinis ;
Fermons la forêt sainte aux bûcherons avares ;
Laissons grandir l’arbuste et se peupler les nids.

Peut-être avec ces bois un monde recommence ;
Et, pareil au grand arbre où Dieu m’a visité,
Un de ces rejetons, devenu chêne immense,
Tiendra sous ses rameaux tout un peuple abrité ;

Et les fils de mes fils viendront, rêveurs paisibles,
Chantant d’un cœur plus pur et plus épanoui,
Reprendre avec l’oracle et les voix invisibles
Le sublime entretien dont j’ai si peu joui.

Peut-être, un d’eux, priant sous ce dôme sonore,
Verra l’hôte attendu sortir des antres verts,