Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/215

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C’est chez vous que l’on fuit pour y rompre ses chaînes,
Pour y porter ses deuils ou ses bonheurs cachés ;
Là qu’on abrite mieux ses amours et ses haines :
Les cygnes ont vos lacs, les aigles vos rochers.

Tout homme qui frémit sous quelque joug infâme,
Dans vos libres déserts échappe à ses tyrans :
De ces chastes hauteurs où vous portez mon âme
Coulent de froids dédains que je verse à torrents.

Je voudrais, n’en déplaise à des Muses banales,
Pareil, comme on l’a dit, à ces monts nébuleux,
Suspendre ainsi dans l’air des glaces virginales,
Armé de l’avalanche et des fleuves comme eux.

Sur cet impur amas d’esclaves, de parjures,
Ma haine descendrait, comme un déluge amer ;