Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/233

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II



Et voilà qu’on proclame, — ô siècle de chimères ! —
Que ta parole, ô Christ, pâlit à nos lumières ;
Voilà qu’au Dieu vivant le ver se dit pareil,
Et que la lampe insulte aux clartés du soleil !
Ainsi tu fis de nous ton image suprême
Pour aider notre orgueil à s’adorer lui-même !
Ce ciel vide de toi, ces œuvres de ta main
N’ont pour veiller sur eux que le regard humain !
Dans leur éternité, ces mers, ce monde immense,
Ce peuple de soleils flottent sans providence ;
Nul n’a tracé leur route et nul ne les connaît,
Hors l’insecte pensant qui meurt sitôt qu’il naît !
Le monde a pour raison le seul esprit de l’homme,
Et Dieu tient tout entier dans le mot qui le nomme !