Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/264

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Cependant d’autres morts, menés en grandes pompes,
Provoquent les éclats des lyres et des trompes.
Étant de ces vainqueurs sur qui le siècle ment,
Tel immonde assassin aura son monument ;
Jeté par sa défaite au charnier de l’histoire,
Le sage doit périr jusque dans sa mémoire,
Heureux si, des affronts défendu par l’oubli,
Son nom meurt tout entier et reste enseveli.

Plus juste, au moins, plus douce à ceux que l’homme accable,
La terre à tous les morts rend un honneur semblable :
Sur ces pâles débris versant les mêmes pleurs,
Elle en tire, à son jour, de la pourpre et des fleurs.
Mais du morne creuset où se fait ce miracle,
Les êtres purs ont fui l’effroyable spectacle ;
Le squelette a blanchi sur un tertre plus vert,
Et ce lieu redouté demeure encor désert.
Les louveteaux, parfois, viennent quand l’heure est noire,