Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Sans opposer jamais, dans tes plus rudes peines,
L’obstacle d’un murmure à cet ordre éternel.

Pourquoi, d’un œil chagrin, scruter le fond des âmes
Et faire un crime au ciel des vices d’aujourd’hui ?
Est-ce à toi de juger si d’autres sont infâmes ?
Juge ton propre cœur ; tu n’as droit que sur lui !

Tu sais bien que cette ombre, où ton regard s’attache,
Disparaîtra plus tard dans un flot de splendeurs.
Il suffît qu’il existe une beauté sans tache
Pour absoudre le sort de toutes ces laideurs.

Attends la floraison, tu n’as vu que le germe ;
Le fruit sera fidèle à ton pressentiment.
Dieu qui sema le grain veut le mener à terme ;
Conçut-il l’univers pour un avortement ?