Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/48

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C’est pourquoi je t’exhorte et je viens, mon enfant,
Poser sur ta faiblesse un bras qui te défend.
Tu souffres et tu crains, et l’avenir t’effraie,
Et bien près de ton cœur j’aperçois une plaie ;
Tu souffres dans ta chair, ta vigueur se flétrit ;
L’argile de ton corps pèse sur ton esprit.
Eh bien, c’est là l’épreuve où l’homme enfin s’atteste !
Tu peux vouloir encor, ta liberté te reste ;
Si, même en se courbant sous les maux entassés,
On marche et l’on suffit au devoir, c’est assez.
Le devoir ! il n’admet ni douleur, ni faiblesse ;
Mais Dieu nous le mesure aux forces qu’il nous laisse ;
D’humbles mourants, à l’heure où rien n’est plus debout,
Ont pu, d’un seul regard, l’accomplir jusqu’au bout.

Tu souffres, tu te plains, il faut qu’on te soutienne !
Souffrir, et qu’est-ce donc pour une âme chrétienne ?
Qu’est-ce que la douleur dont l’assaut t’a surpris ?