Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/68

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Recruter des martyrs jusque chez les bourreaux.

J’aime à la voir, ainsi, triomphant d’elle-même,
N’ayant courbé son front que sous l’eau du baptême,
Fière devant les rois, humble dans le saint lieu…
Je n’ai compris jamais la liberté sans Dieu.
Va ! la tienne a, pour vaincre une force usurpée,
La croix qui la défend aussi bien que l’épée,
Et l’essaim des martyrs qui jaillit de ton flanc,
Pologne ! et ton nom pur comme ton aigle blanc.
Dans nos jours incertains semés de lueurs sombres,
Où le devoir lui-même est environné d’ombres,
Où le droit, orageux et qui déborde encor,
Roule tant de limon, hélas ! avec tant d’or,
Toi seul, peuple martyr, dans la noire mêlée,
Gardas sous l’œil de Dieu ta cause immaculée.
Hormis tes oppresseurs, frappés dans leur orgueil,
Jamais ta liberté ne mit la terre en deuil ;