Page:Laprade - Les Voix du silence, 1865.djvu/70

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Mais vous n’êtes pas seuls livrés aux rois contraires,
Partout, à votre insu, naissent pour vous des frères ;
D’invisibles amis, avec vous conjurés,
Sans ligue et sans complot, forment des nœuds sacrés ;
Tous ceux dont votre exemple a retrempé la fibre,
Qui, sous un front chrétien, portent une âme libre,
Et font par leur mépris, calmes et désarmés,
Envier aux tyrans le sort des opprimés.

Oui, loin des parvenus et des foules stupides,
L’honneur, à petit bruit, peuple des Thébaïdes ;
On y saura garder le culte qui se perd,
Et des hommes, un jour, sortiront du désert…
Croyez-en le poëte, ami de ces retraites,
Qui lit avec son cœur dans les choses secrètes,
Qui, pareil aux oiseaux, du fond des horizons,
Voit poindre la beauté des futures saisons ;
Qui dans l’âme et la plante, à sa voix fécondées,