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MINA

mosee», regardé par les uns comme une famille distincte, par les autres comme une simple tribu de la famille des légumineuses, renferme des végétaux herbacés, mais surtout des arbres et des arbrisseaux, presque toujours armés d’épines ou d’aiguillons. Les feuilles alternes, pennées ou bipennées, munies de stipules, sont souvent réduites au pétiole dilaté ou phyllode. Les fleurs sont ordinairement hermaphrodites et régulières, jdisposées en grappes ou en corymbes axillaires ou terminaux. Elles présentent un calice libre, à quatre ou cinq divisions ; une corolle à quatre ou cinq pétales, alternant avec ces divisions et insérés à la base du calice ou sur le réceptacle, libres ou plus ou moins soudés en tube ; des étamines rarement en nombre égal a celui des pétales, le "plus Souvent en nombre double ou multiple, a filets libres ou réunis en tube ; un ovaire simple, sessile ou stipulé, à une seule loge multiovulée, surmonté d’un style simple, filiforme, terminé par un stigmate simple. Le fruit est une gousse à une ou plusieurs loges, renfermant de nombreuses graines, à embryon dépourvu d’albumen.

Cette famille, qui forme le passage des légumineuses aux rosacées, renferme les genres suivants, groupés en deux tribus : l<> Acaeiées : mimosa, acacia, vachélie, zygie, inga, alfonséa, adénanthère, prosopis, lagonychium, algarobie, dimbrphandre, fillœa, entada, gagnebiue ; 2° Parkiées : parkia, érythrophiéon.

Les mimosêes appartiennent surtout aux régions chaudes et tempérées de l’Afrique, de l’Amérique et de l’Australie ; elles sont beaucoup plus rares en Asie. Plusieurs d’entre elles fournissent des produits alimentaires, économiques ou médicinaux, des gommes, du tannin, des huiles grasses, etc. V.

SENSITIVB.

MIMRING, dieu forestier des Wendes et des Danois.

MIMULE s. m. {mi-mu-Ie — du lat. mimu- fu*, petit mime). Bot. Genre de plantes, du la famille des scrofularinées, qui croissent dans les deux Amériques : La plupart des mimules se font remarquer par l’abondance et l’éclat de leurs fleurs. (Duchartre.) 1

— Encycl. Les mimules sont des plantes herbacées ou frutescentes, à feuilles opposées, à fleurs solitaires, souvent grandes et remarquables par leur riche coloris. On en connaît une trentaine d’espèces qui, pour la plupart, croissent en Amérique. Plusieurs sont cultivées dans nos jardins. Le mimule jaune est l’espèce la plus répandue ; il croît sur les côtes occidentales de l’Amérique, depuis la Californie jusqu’au Chili, et s est nar turalisé sur divers points de l’Europe, notamment dans les Vosges et aux environs de Saint-Pétersbourg. On remarque encore les mimules cardinal, ponctué, orangé ou glutineux, de Virginie, etc. Le stigmate do ces plantes se compose de deux lamelles glanduleuses a la face interne ; si l’on touche l’une d’elles avec une pointe quelconque, aussitôt toutes deux se rapprochent par un mouvement dû à l’irritabilité de l’organe.

MIMUSOPE s. m. (mi-mu-zo-pe — de mime, et du gr. ont, aspect). Bot. Genre de plantes, de la famille des sapotées, comprenant une trentaine d’espèces d’arbres lactescents de l’Asie et de la Nouvelle-Hollande tropicale. Il On dit aussi mimusops.

— Encycl. Les mimusopes sont des arbres à feuilles alternes, entières, brillantes, et à fleurs blanches ou jaunes, solitaires ou groupées a l’aisselle des feuilles ; le fruit est une baie à une ou deux loges. Ce genre comprend une trentaine d’espèces qui croissent dans les régions tropicales de l’Asie et de l’Australie. Toutes sécrètent un suc laiteux. Le mimusope clengi, une des espèces les plus remarquables, est un grand arbre, dont la tige droite, couverte d’une écorce crevassée, se divise en rameaux cylindriques et grisâtres ; portant des feuilles entières, ovales oblongues, coriaces, glabres, et à fleurs d’un beau jaune, solitaires ou réunies en petits bouquets. Il croît dans l’Inde, aux Philippines et aux Moluques, où il est fréquemment planté dans le voisinage des habitations. Le bois do cet arbre est blanc, dur, et se conserve longtemps dans l’eau ; on l’emploie dans les constructions. Les fleurs sont très-odorantes ; les femmes du pays en font des

guirlandes et des colliers ; ces mêmes fleurs séchées servent à parfumer le linge. On en obtient aussi une eau distillée très-aromatique, avec laquelle on prépare une sorte de thé qui possède des propriétés fébrifuges.

, Les fruits sont ovoïdes, charnus, semblables à l’olive, mais rouges à leur maturité ; ils renferment du sucre, de la fécule et un principe astringent ; leur chair est comestible, d’une saveur assez douce, mais un peu acerbe ; les Indiens s’en nourrissent. Le mimusope kanki se distingue du précédent par ses feuilles plus rapprochées, et son fruit rond, d’un vert pâle et du volume d’une pomma. Il est cultivé à l’Ile de France. Son bois sert aussi aux constructions. Les nègres mangent volontiers son fruit, qui est farineux et d’une saveur sucrée.

MINA s. f. Cni-na). Métrol. Nom d’une mesure de capacité, qui était usitée à Gènes et valait 180’il,6io. y Ancienne mesure agraire, usitée à Milan, et valant 155^63,1726.

MINA

MINA (don François Esfoz y), illustre chef de guérillas espagnol, né à Idozin (Navarre) en 1781, mort en 1836. Il quitta la charrue en 1808 pour défendre contre Napoléon la liberté de son pays. Sa bravoure et ses talents militaires le firent successivement créer, par le gouvernement constitutionnel, brigadier, maréchal de camp, commandant général de l’Aragon, chef politique de la Navarre. Il se mesura en batailles rangées avec nos généraux, leur fit éprouver des pertes considérables, mais sut toujours, par une discipline sévère entretenue dans son armée de près de 14,000 hommes, concilier les devoirs de l’humanité avec les exigences de la guerre. En 1814, il passa en France pour n’être pas témoin de la tyrannie et des cruautés de Ferdinand VII. Louis XVIII refusa courageusement son extradition au gouvernement espagnol et chassa l’ambassadeur qui l’avait demandée. La révolution de 1820 rappela Mina en Espagne. Il dispersa bientôt les bandos absolutistes de ta Navarre, fut nommé capitaine général de cette province, puis gouverneur de la Catalogne, il résista longtemps, en 1823, aux forces supérieures du maréchal Moncey, mais fut obligé de capituler, le 1er novembre, dans Barcelone. Transporté en Angleterre, il en revint en 1834 pour défendre encore les institutions libérales, et succomba à ses blessures deux ans après. « Chef de partisans ou général de l’armée constitutionnelle, dit Desprez, Mina n’eut point de science militaire ; mais il eut de la spontanéité et de l’audace, et l’emploi qu’il en sut faire le plaça au premier rang des généraux contemporains. Il n’eut point de connaissances politiques ; mais il puisa dans son caractère, ami de l’indépendance, un sentiment exalté de la liberté qui inspira tous ses actes. Au reste, ses défauts comme ses qualités, Mina les tenait de la nature ou de la position dans laquelle s’écoula sa vie, car il ne demanda rien à l’étude que dans la maturité de l’âge. « Il a écrit en espagnol un Précis de sa vie, qui a été traduit en français parDavesiès de Pontés (Paris, 1S25, in-S°).

MINA (don Xaveiro), célèbre aventurier espagnol, neveu du précédent, né dans un village de la haute Navarre eu 1789, fusillé à Mexico le 17 novembre 1817. Les événements de 1808, les attentats nombreux commis contre les habitants du pays par les soldats français excitèrent en lui une indignation profonde. Il quitta le séminaire de Logroño, où il se livrait à l’étude de la théologie, et il se disposa à combattre ceux qu’il considérait comme les oppresseurs de sa patrie. Il avait alors dix-neuf ans. Suivi dans ses desseins par une poignée de ses camarades qui partageaient ses idées, il forma une guérilla, à la quelle vinrent se joindre quelques bandes éparses dans les montagnes. Brave, infatigable, il devint bientôt le fléau des Français et de leurs partisans, et se distingua par une audace qui n’avait d'égale que son inexpérience. Le 31 mars 1810, il fut fait prisonnier, laissant à Son oncle, qu’il avait décidé à le suivre, le commandement de ses bandes. Don Xavier fut amené en France et enfermé au donjon de Vincennes. Il y passa quatre années, employées par lui à étudier, non-seulement l'art militaire, mais encore nos philosophes et nos grands écrivains du XVIIe et du XVIIIe siècle, et se rendit la langue française familière par ses causeries avec quelques officiers auxquels l’empire n’avait pas donné le goût de la servitude au point de les empêcher d’honorer le patriotisme de ceux qui résistaient par les armes au despotisme de Napoléon. À la chute dû celui-ci, Mina rentra en Espagne, où le roi Ferdinand VII venait d’être replacé sur le trône au nom de la constitution de 1812. Mais quand il vit le roi parjurer ses serments, renvoyer les cortès, supprimer la constitution, comme tous ceux qui avaient principalement combattu pour la défendre, il chercha les moyens de la rétablir. Il rassemble ses bandes et marche, au mois de septembre 1814, contre Pampelune où des intelligences avaient été ménagées. Mais la lâcheté de ses compagnons fait échouer le projet ; et ce n’est qu’au milieu des plus grands dangers qu’il peut, ainsi que son oncle, fuir et passer en France. De là, Xavier Mina gagna l'Angleterre.

La vue d’un peuple libre, jouissant de la plénitude de ses droits, vient exalter encore ses aspirations à la liberté. C’est cette condition qu’il envie pour ha patrie ; voyant cependant qu’il lui est impossible, pour longtemps du moins, de changer la situation de son pays, il se prend à songer qu’il est une terre où il pourra combattre, avec plus de succès, les tendances rétrogrades du gouvernement espagnol, et qui, par les événements qui s’y passent, acceptera avec enthousiasme ses projets d’indépendance et secondera ses efforts. Cette terre, c’est le Mexique en révolution depuis 1810, le Mexique qui a fait dire à Chateaubriand, dans l’introduction à ses œuvres complètes donnée en 1826 : « Quand on a vu la plus vieille monarchie du monde renversée, l’Europe tour à tour conquise et conquérante, qu’y a-t-il après de pareils événements ?... Ce qu’il y a ! portez les yeux au delà des mers : l'Amérique entière sort républicaine de cette révolution, et remplace un spectacle étonnant par un spectacle plus étonnant encore. » Mina voulut aider à ce mouvement.

Les Espagnols, qui possédaient encore les principales villes du Mexique, venaient de remettre sous leur joug les provinces mexicaines soulevées contre eux par les patriotes Hidalgo et Morelos. Deux des plus braves chefs des insurgés, Rayon et Bravo, venaient de tomber aux mains des Espagnols. Plus heureux que leurs devanciers, ceux-ci ne furent point mis à mort. On les condamna seulement à une prison perpétuelle. Telle était la situation désespérée du parti de l’indépendance, lorsqu’un secours extérieur vint un moment le ranimer. Le congrès mexicain avait essayé vainement d’intéresser les États-Unis à sa cause ; son envoyé n’avait reçu que de vagues promesses, et même, sur les représentations de la cour d’Espagne, le gouvernement de Philadelphie avait défendu rigoureusement que les citoyens ou résidants étrangers prêtassent aucune assistance aux insurgés mexicains.

Dès le commencement de 1815, on avait envoyé d’Espagne des avis secrets sur les projets supposés du général Francisco Mina, qui s’était réfugié en Angleterre après sa tentative infructueuse sur Pampelune. Mais son neveu seul, le colonel don Xavier Mina, osa tenter l’entreprise ; il veut venir en aide à ce peuple, écrasé par trois cents ans de tyrannie et d’esclavage, qui lutte maintenant contre l’Espagne. Avec une merveilleuse activité, il rassemble un petit nombre d’aventuriers intrépides, que plusieurs de ses partisans viennent grossir, et s’embarque sur la Cléopâtre, qui fait voile vers Baltimore.

Après avoir secrètement acheté des armes et frété deux goélettes, il se rendit, vers la fin de 1816, à l’île de San-Luis, où se trouvait le commodore Aury avec la flottille des indépendants. Là s’achevèrent ses préparatifs. Il réunit environ trois cents hommes, Américains du Nord et déserteurs d’une frégate française. Ce fut avec cette faible troupe, montée sur sept petits bâtiments, qu’il alla débarquer, le 15 avril 1817, à Soto-la-Marina, sur la rivière Santander, bien loin du point où les Espagnols craignaient la descente. Il fut reçu avec des transports de joie et de reconnaissance. Devant cet enthousiasme, les quelques Espagnols qui formaient la garnison, effrayés de leur infériorité numérique, évacuèrent précipitamment la ville, en laissant derrière eux des vivres et des armes au pouvoir des nouveaux arrivés. Mina, maître de Soto sans effusion de sang, s’empressa de la fortifier et résolut d’en faire la base de ses opérations.

En même temps, il répandit des proclamations et enrégimenta quelques Indiens. La nouvelle de son débarquement, parvenue rapidement à Mexico, y répandit une vive alarme, et l’autorité prit les mesures les plus promptes et les plus énergiques pour conjurer cet orage. Une escadre espagnole, qui croisait dans le golfe, dispersa les vaisseaux de l’expédition et prit une des goëlettes, que l’équipage avait abandonnée. Mina se trouva, dès lors, sans espoir de retraite, et, comme autrefois Fernand Cortez dans les mêmes lieux, il n’eut plus devant lui que la victoire ou la mort. En même temps, un corps de 2,000 Espagnols, aux ordres du brigadier (général de brigade) Arredondo, s’avançait pour l’enfermer dans Soto-la-Marina. Instruit de leur approche, et dans le dessein d’opérer sa jonction avec les indépendants, Mina sortit de cette place à la tête de 308 soldats, laissant pour la défendre une garnison de 140 hommes commandée par le major Sarda. Les Espagnols ouvrirent le siège régulier, firent plusieurs brèches, donnèrent trois assauts qui furent vaillamment repoussés, et se virent obligés d’accorder une capitulation honorable aux assiégés, réduits, par le tourment de la soif, à la dernière extrémité. Sarda se rendit avec 37 hommes, reste de sa troupe, car tous les autres s’étaient fait tuer, et ces braves gens, auxquels on devait tous les honneurs de la guerre, furent enfermés d’abord au château d’Ulna, et conduits ensuite, par ordre de la cour d’Espagne, aux galères d’Afrique.

Cependant Mina s’avançait avec toute la rapidité possible à la rencontre des indépendants. À peu de distance de son point de départ, des troupes espagnoles s’étaient postées pour lui couper le passage : il les enfonça au premier choc. L’Espagnol Arminan, envoyé à sa poursuite avec un millier de soldats, l’atteignit à Peotillos et fut encore complètement défait. Ce succès, dû aux habiles manœuvres du jeune capitaine, fut couronné par une belle action. Il fit secourir avec soin les blessés ennemis, et renvoya généreusement tous les prisonniers. Cependant les Espagnols ne faisaient aucun quartier aux siens, et portaient contre lui un drapeau noir en signe d’extermination. Quelques jours après la victoire, Mina enleva au passage la ville de Real de Pinos et parvint enfin, après le trentième jour de marche, au fort du Sombrero (du Chapeau), occupé par une guérilla mexicaine. Pendant l’espace d’un mois, il avait fait 220 lieues à travers les déserts, pris une place forte et gagné deux batailles. Cette expédition, pour qui connaît le pays, tient du prodige. Les Espagnols, ralliés, ne lui laissèrent pas un moment de repos et vinrent de nouveau lui présenter le combat. Mina sortit du fort avec sa petite troupe, réunie à celle des Mexicains, ot l’action fut terminée par une seule charge furieuse à la baïonnette, arme dont les Espagnols ne savaient pas se servir, et dont Mina avait appris l’usage en France ; Il leur tua 339 hommes, fit plus de 200 prisonniers et s’empara de toute l’artillerie. Son attaque avait été si impétueuse, que les canonniers espagnols, surpris avant d’avoir ouvert les caissons, chargèrent leurs pièces avec des piastres, en guise de mitraille. Il ne perdit que 8 soldats. Cette troisième victoire lui permit de respirer quelques instants. Une petite junte, qui s’était formée à Jaujilla, vint en corps se réunir à lui, et son président, le Père Torrès, amena quelques renforts. Toutefois, Mina ne reçut des indépendants que de très-faibles secours. Il avait eu l’imprudence d’avouer qu’il était venu enlever le Mexique au roi d’Espagne pour l’obliger, par le manque de ressources, à rendre à son pays la constitution de 1812. Les Mexicains, ne voyant plus chez Mina la préoccupation exclusive de leur rendre l’indépendance, mais des motifs étrangers à leur cause, mirent moins de chaleur a le seconder.

Malgré cela, les succès rapides et prodigieux de don Xavier avaient jeté l’effroi à Mexico. On craignait que sa présence ne ranimât le parti national abattu, en lui donnant un centre et un chef. C’est pourquoi les Espagnols rassemblèrent toutes leurs ressources pour l’accabler. Linan, qui venait d’amener d’Europe le régiment de Navarre, fut envoyé contre lui par le vice-roi, à la tête de plus de 4,000 hommes. Avec ces forces considérables, il vint mettre le siège devant le Sombrero, mauvaise place démantelée et dépourvue de provisions. Mina partagea sa troupe en deux fractions. Laissant à l’une la garde du fort, il sortit avec la seconde pour inquiéter l’ennemi. Mais ni la bravoure, ni la courageuse résistance des assiégés ne purent balancer une si grande disproportion de forces. Les Espagnols, après avoir ouvert plusieurs brèches et détourné le cours d’un ruisseau qui alimentait la forteresse, donnèrent un assaut général. Les 150 soldats, chiffre auquel était réduite la garnison, commandés par le colonel Young, le soutinrent toute la journée par des prodiges de valeur et causèrent aux Espagnols une perte de 400 hommes, dont 35 officiers ; mais cet effort les épuisa. La malheureuse garnison avait atteint, d’ailleurs, la dernière limite de ses souffrances ; chez quelques-uns l’excès des maux avait égaré la raison. On capitula. Le général Linan avait promis expressément la vie sauve, mais la férocité des Espagnols n’épargna pas même les blessés demeurés dans l’ambulance. Au mépris de tous les sentiments humains, on fusilla impitoyablement tous les blessés et tous les prisonniers, après les avoir fait travailler à la démolition du fort. Cependant Apodaca avait prescrit d’épargner les naturels ; mais ses ordres arrivèrent après l’exécution. Mina recueillit les faibles débris de sa petite armée et les conduisit au fort de Los Remedios, où le reçut le Père Torrès. Cette place, située au milieu de montagnes inaccessibles et défendue par des précipices, était le dernier refuge des indépendants de la province ; jamais les Espagnols n’avaient osé les inquiéter dans cet asile. Linan l’osa ; il y poursuivit les malheureux échappés au massacre du Sombrero et, malgré les difficultés que lui opposait la nature, parvint à asseoir son camp et à ouvrir la tranchée. Dans cette extrémité, Mina s’échappa de la place pour essayer de rassembler des secours au dehors par la puissance de son nom. Il fit quelques recrues ; mais seul avec des troupes indisciplinées, qui ne pouvaient ni exécuter ni comprendre ses ordres, il échoua dans toutes ses tentatives. Une colonne espagnole, mise à sa poursuite, dispersa les Indiens dans une rencontre, et un coup de main tenté en désespoir de cause sur la ville de Guanaxuato acheva de le perdre. Abandonné de ses soldats, il se disposait à se rendre au rancho de Venadito, appartenant à un de ses amis, le docteur Herrera, où il devait trouver un refuge sûr. Mais, trahi par un prêtre, il fut, par les troupes du général Orrentia, saisi, garrotté, tandis qu’à quelques pas de lui Herrera, qui accourait au secours de son ami, tombait égorgé par un dragon. On conduisit Mina au quartier général de Linan, avec les fers aux pieds et aux mains, Lorsqu’on lui attacha les entraves (grillos), il s’écria : « J’ai plus d’horreur de les voir que de les porter ; les Espagnols seuls ont conservé cet usage barbare. » Arrivé à Mexico, il fut aussitôt condamné à mort par une sorte de conseil de guerre et avec un semblant de jugement, et fusillé le 17 novembre 1817. «Tuez-moi bien, au moins, » furent les seules paroles qu’il prononça.

La mort du jeune Mina tut célébrée à Mexico par de grandes réjouissances, et la cour d’Espagne prodigua les récompenses à tous ceux qui avaient concouru à la débarrasser d’un semblable ennemi. Le vice-roi reçut à cette occasion le titre de comte del Venadito, du nom de la ferme où Mina fut arrêté. Le corps de ce généreux soldat de la liberté fut déposé, dès les premiers temps de la république, dans une grande chapelle sépulcrale de Mexico, avec ceux d’Hidalgo, de Morelos et des principaux auteurs ou martyrs de la révolution.

MINA (le marquis de Las), général espagnol. V. Minas.

Mina OU le Menaça à «rois, opéra-comique

en trois actes, paroles de Planard, musique