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qui croissent sur tons les corps susceptibles de fermenter ou de se corrompre. On les trouve disposés en touffes blanchâtres, jaunâtres ou verdâtres. Ils sont exclusivement formés de filaments de couleur variée, dont les uns rampent à la surface des corps sur lesquels ils donnent naissance à un mycélium, tandis que les autres se dressent plus ou moins verticalement et tiennent élevés, sous la forme d’une petite boule ou d’un petit chapeau, les organes de la reproduction. Certaines moisissures, couronnées de leur vésicule, vues au microscope ou au moyen d’une forte loupe, ressemblent aune épingle dont la tête esc une ihèque remplie de spores ou corpuscules reproducteurs. La manière dont cette thèque s’ouvre varia autant que la forme de la colonne centrale, et c’est d’après . ces variantes que les nombreux genres de3 moisissures reçoivent leur dénomination caractéristique.

Ce sont donc de petits champignons filât menteux, et on les désigne sous le nom scientifique de mucor, d’où l’on a établi, la famille des mucédinées, du grec mykès, champignon. On y remarque, en général, comme nous venons de l’indiquer, deux sortes de filaments ; les uns stériles, couchés, souvent lanugineux, les autres fertiles, dressés, cloisonnés, simples ou rameux, terminés par des péridioles solitaires, presque globuleux, qui for, . ment l’espèce de chapeau dont nous venons de parler et qui renferment les sporules, d’où on les a appelés sporanges terminaux. Ces sporanges s’ouvrent en dessous, dans les aspergillées, les spores sont fixées sur une vésicule arrondie en ovale terminale. Leur tissu est le tissu cellulaire dans sa plus grande simplicité. Ces végétaux sont d’une extrême ténuité ; un souffle suffit pour les détruire ; ils forment des touffes de largeur et de couleur variables, portées sur un mycélium formé dé filaments réticulés, lisse développent sur les substances animales et végétales en décomposition, principalement quand ces substances sont acides. Les moisissures peuvent aussi se développer sur les animaux vivants. En 1841, M. Deslongschamps, professeur à Caen, présenta à l’Institut l’observation d’un canard qui mourut de la poitrine, et à l’autopsie duquel ou vit de nombreuses plaques blanches et vertes, formées par des mucédinées dans les sacs aériens. Le docteur Muhlenbech a observé, à Mulhouse, deux garçons tonneliers empoisonnés par les spores de Vaspnrgiltus glaucus. Ces garçons, étant entrés dans un tonneau fortement couvert de moisissures, en respirèrent la poussière, et aussitôt ils furent pris de céphalalgie, de vomissements, de vertige, etc. En revanche, si les moisissures sont quelquefois vénéneuses, elles peuvent résister à l’action des liquides vénéneux. On les a vues se développer sur de l’eau qui con tenait de l’arsenic en assez grande quantité. Du reste, leur développement est très-rapide. On a observé que le mticor mucedo se développe au bout de cinq heures dans du suc de pommes, tandis qu’il lui faut seize heures pour se développer dans l’eau.

Nous avons dit que les moisissures sont des miicors. genre de la famille des ascophorées (Léveillé). On peut ranger aussi dans leur classe la famille des aspergillées, qui comprend les genres aspergillus, monilia et penicillum. Où faut-il chercher leur origine ? Elle parait être dans les germes ou spores constamment flottants dans l’air atmosphérique. Les petites plantes, comme les grandes, proviennent d’un germe organisé et vivant, et les germes des moisissures semblent ne pouvoir être ailleurs que dans l’atmosphère, comme les germes d’infusoires. Si l’on soustrait une matière en décomposition à l’influence de l’air, ou si on la chauffe de manière à tuer les germes qu’elle peut contenir, elle ne donnera lieu à aucune production de moisissures ou d’infusoires.

Cependant, M. Pouchet, de Rouen, s’inscrit en faux contre cette assertion généralement acceptée ; car il prétend avoir obtenu des infusoires et des moisissures microscopiques dans des substances fermentées auxquelles l’air n’aurait pu fournir des germes et "après les avoir fait passer par une température à laquelle aucun œuf ne peut résister. Nous sommes donc conduits par la question de l’origine des moisissures au grand problème des générations, qui a son article particulier. V. génération spontanée.

Les espèces de moisissures sont très-nombreuses. Nous passerons en revue les principales.

La moisissure grise (mucor mucedo ou ascophora mucedo) est l’espèce la plus répandue et la plus connue, ne fût-ce que par son odeur désagréable ; c’est surtout de cette espèce qu’on veut parler quand on prend le mot moisissure dans une acception générale. Elle croît sur la plupart des substances employées à la nourriture de l’homme, les confitures, les pâtes sucrées, l’empois, la colle de farine et principalement sur le pain : ses spores germent dans l’espace de dix à douze heures. Ce- qu’on appelle vulgairement le moisi du pain n’est pas, comme on pourrait le croire, le résultat même de la décomposition du pain sur lequel se développe le cryptogame, mais bien le produit des spores qui par suite de la rupture des organes qui les renfermaient, se répandent plus ou moins loin et pénètrent dans les moindres vides de ce même corps. Le développement des moisissures est favorisé, comme celui de tous les champignons, par le concours de la chaleur et de humidité. Le pain, quand il entre trop d’eau dans sa composition, qu’il n’a pas été suffisamment cuit, et qu’on le renferme dans un endroit humide et peu aéré, en est particulièrement infesté, et il s’en perd ainsi des quantités considérables. On voit tout de suite que, pour prévenir le mal, il faut réaliser les conditions opposées. Si pourtant ce mal commence seulement à se produire, et qu’on s’en aperçoive d’assez bonne heure, il faut couper le pain par sa plus grande largeur et le mettre de nouveau au four pour détruire les germes des mucédinées. Si on veut le consommer sur-le-champ, on peut, pour lui enlever sa mauvaise odeur et son mauvais goût, le faire tremper quelques instants dans l’eau bouillante et l’arroser d’un peu de vinaigre. Mais si le fléau s’est étendu, il n’y a plus qu’à retrancher et à jeter sans regret toutes les parties infestées.

On ne saurait apporter trop de soin à renfermer les provisions de ménage dans des endroits secs et aérés, et à les visiter souvent pour enlever les parties moisies. On étend sur les conserves, quand cela est possible, une couche de sucre, de sel, d’huile, de vinaigre, etc., suivant leur nature. On recommande aussi de bien faire cuire et de bien sucreries confitures, de les mettre dans des vases bien propres, etc. On ne peut pas dire que les moisissures soient réellement vénéneuses ; mais, indépendamment de la saveur et de l’odeur désagréables qu’elles communiquent aux substances alimentaires, elles peuvent, si elles sont ingérées en trop grande quantité, occasionner d’assez graves accidents. On a vu même, nous l’avons dit, des moisissures se développer sur les organes intérieurs des animaux et leur causer ainsi de graves maladies.

Parmi les autres espèces, nous citerons la moisissure jaunâtre, qui se développe en automne sur les champignons en putréfaction ; la moisissure du noyer, qui recouvre la surface des noix rances ; la moisissure rameuse, qui croit aussi sur les champignons pourris ; la moinssure rampante, qu’on observe sur les branches de bouleau et les feuilles de vigne en décomposition ; la moisissure orangée, qui croît sur les bouchons et a l’intérieur des tonneaux, et communique un mauvais goût au vin ; la moisissure crusiacée, qui forme des taches blanches et rouges sur les fromages salés ; les moisissures en grappe et en ombelle, qui envahissent les fruits et les confitures ; la moisissure des héritiers, fléau redouté des botanistes qui collectionnent les plantes sèches, mais dont on les préserve en lavant ces plantes avec une solution de sublimé ; le mucor caninus, qui forme des touffes sur les excréments des chiens ; le mucor nitens ou. phycomyces, qui ne végète jamais que sur les corps imbibés d’huile. C’est le géant des mucédinées ; ses filaments, brillants comme la soie, mesurent parfois jusqu’à un décimètre de hauteur ; le pilobole, qui se montre surtout en automne sur les matières fécales ; sa vie est très-éphémère ; il croît pendant la nuit et disparait au milieu du jour.

MOISON s. f. (moi-zon — du lat. messis, moisson). Féod, Quantité déterminée de grain due au seigneur,

— Anc. cout. Espèce de bail en usage dans quelques parties de la France, et par lequel le fermier était tenu de livrer à, son bailleur la moitié du profit des bestiaux et une quantité fixe et déterminée de grain.

— Méirol. Ancienne mesure de longueur. K Maison des étoffes, Longueur des pièces

d’étoffes qui était fixée par les règlements.

MOISONIER s. m. (moi-zo-nié — rad. moison). Feod. Celui qui devait la moison à son seigneur.

MOISSAC, en latin Jifussiacum, ville do France (Tarn-et-Garonne), ch.-l. d’arrond. et de canton, à 28 kiloin. N.-O. de Montauban, sur le canal latéral à la Garonne et sur la rive droite du Tarn ; pop. aggl., 4,827 hab.

— pop. tôt., 8,722 hab. L’arrondissement comprend 6 cantons, 50 communes et 53.839 hab. Tribunaux de l" instance et de commerce, justice de paix ; collège communal. Minoteries renommées, poteries, fonderies. Commerce de grains, farines, sel, vins, huile, safran, laines. La ville de Moissac est dans une situation agréable, au milieu d’un spacieux bassin formé de coteaux pittoresques, d’aspects variés, parsemés de vignobles et de vergers ; elle est assez bien bâtie et entourée de jolies promenades. Parmi ses constructions les plus remarquables, nous citerons son église paroissiale, construite vers le milieu du xve siècle, sur remplacement d’une ancienne église bâtie en 10G3 et détruite on ne sait à quelle époque. De cette ancienne église reste une tour carrée et un portail en forme de porche, extrêmement remarquable. Les parois du porche sont couvertes par une triple rangée de sculptures. En bas, dans des arcades, on voit dos statues représentant l’Auarice, la Luxure et les Vertus cardinales. Plus haut se trouvent des bas-reliefs : la Mort de Lazare, la Mort de l’avare, le Mauvais ric/ie, l’Enfance du Christ, etc. ; des lionnes et deux statues, Saint Pierre et Saint Paul. Enfin, les sculptures du tympan représentent Jésus-Christ dans la gloire, entouré des anges et des évangélistes. À côté de l’église se trouve le cloître, construit au XIIe siècle et un des plus remarquables monuments de ce genre qui existent en France. Ses belles arcades ogivates reposent sur d’élégantes colonnettes dont les chapiteaux, finement sculptés, représentent des épisodes bibliques ou légendaires. Les statues des apôtres et celle de l’abbé Durand, qui fit la dédicace de l’église primitive, sont adossées aux piliers’ des angles. Citons aussi les ruines de vieilles tours appartenant à d’anciennes fortifications, le beau pont de tôle sur lequel le chemin de fer franchit le Tarn, à 4 kilom. de la ville, le pont-aqueduc jeté sur la même rivière pour le passage du canal latéral à la Garonne et une vieille fontaine dont l’origine remonte K une époque reculée et dans laquelle quatre aqueducs conduisent leurs eaux. Moissac doit sa notoriété à l’abbaye de ce nom, la plus célèbre des abbayes bénédictines de ces contrées. La ville et l’abbaye ont été ds temps immémorial liées par le même sort, et Aymeric de Peyrac, abbé de Moissac, chroniqueur, leur prête la même origine. Clovis 1er aurait fondé l’une et l’autre. Dora Mabillon donne pour fondateur à l’abbaye Clotaire II, entre les années 584 et 628, et d’autres auteurs Clovis II, de 638 à 656. D’après dom Vaissette, saint Amand aurait été, au vue siècle, le fondateur et le premier abbé de ce monastère. Il est difficile d’établir l’étyniologie de Moissac, qui, suivant Pierre de Vaulx-Cernay, serait bien antérieure à la fondation de la ville et de l’abbaye et viendrait du mot moys, qui en hébreu veut dire eau. On trouve le nom de Mussiaatm dans les chartes. La ville, autrefois fortifiée, fut prise en 1212 par Simon de Montfort.

MOISSE s. m. (moi-se). Mamm. Nom vuU gaire d’un phoque désigné plus ordinairement sous le nom de vache marine.

MOISSIN s. m. (moi-sin). Ichthyol, Nom vulgaire d’une espèce de spare.

MOISSINE s. f. (moi-si-ne). Econ. rur. Faisceau de sarments où les grappes tiennent encore et que l’on suspend au plancher pour conserver le fruit.

MOISSON s. f. (moi-son. — Les noms de la moisson, dans les langues européennes, forment un groupe considérable à côté duquel on peut signaler quelques analogies isolées avec l’Orient. La racine verbale européenne parait être ma, avec une forme augmentée mat, met. Dans le grec amaô, moissonner, a n’est qu’un préfixe qui figure quelquefois avec le sens de apo ou du sanscrit ava. L’ancien allemand mahan, allemand moyen maien, maen, «ierw ; i, anglais moto, etc., font présumer un verbe gothique maian, lequel serait à ma comme saian, semer, ksâ, vaian, souffler, à va. Les dérivés germaniques sont : l’anglosaxon maedh, action de faucher, anglais math, allemand moyen mal ; l’ancien allemand amat, amad, herbe à faucher, madari, moissonneur, faucheur, etc. La forme augmentée se trouve dans le latin metot messis, messor, le kymrique medi, midi, d’où medeuir, moissonneur ; l’irlandais methil, meithle, action de moissonner, etc. Comparez l’ancien slave mesti, balayer, jeter, russe metati, d’où met la, polonais miotla, balai, etc. Léo Âleyer compare la racine sanscrite mi, jeter, proprement m&, au futur mâsyati, au prétérit maman, etc., racine sans doute alliée à ma, mesurer, avec le sens primitif de diviser. Cette dernière présente aussi une forme augmentée d’une dentale dans le sanscrit mâd, le " zend madh, le latin meto, le gothique mitait, le lithuanien matoti, etc., ce qui le rapproche encore plus de nid dans la première acception). Récolte des blés et des autres céréales : Belle, bonne, riche moisson. Faire la moisson. Temps de la moisson."

Il n’est point ici-bas de moisson sans culture, Le bonheur est un bien que nous vend la nature.

Voltaire.

Il Époque où a lieu cette récolte : La moisson approche. Vous serez payé à la moisson. Il Blé sur pied ou récolté : Faucher la moisson. Enfermer les moissons. Vendre sa moisson. Par crainte de l’ivraie, faut-il arracher la MOISSON ? (E. Laboulaye.) L’aristocratie française a disparu comme une moisson qu’on fauche. (Mich. Chev.)

La moisson, frêle créature, Est l’œuvre do la terre et du labeur humain.

A. Barbile.

Campagnes qu’engraissa le sang de nos guerriers, J’aime mieux vos moissons que celles des lauriers : La vanité les cueille et le hasard les donne.

Voltaire.

— Par ext. Récolte quelconque, fruits de la terre que l’on recueille : Des ptaines bien cultivées présentent successivement d’abondantes moissons de blé, de vin, d’huile, de miel et de fruits de toute espèce. (Bartbél.) n Ensemble d’objets que l’on recueille : Faire une riche moisson dans les archives. Quêteuse gui fait une abondante moisson. L’humanité doit cueillir à la sueur de son front la moisson de l’idée aussi bien que l’autre moisson. (E. Pelletan.)

Que deviendront ces biens où votre espoir se fonde, Et dont vous étalez l’orgueilleuse moisson ?

J.-B. Rousseau.

— Fig. Résultats dos causes que l’on a posées ; effets des actes que l’on a accomplis :

On sème le mal en badinant, et l’on s’étonne quand le jour de la moisson est venu. (E. About.) Il Dans lei style biblique, Nombre de conversions : Ce missionnaire a fait, dans l’Inde, une grande moisson. (Acad.) Quelle moisson de cœurs feraient de tels apôtres !

L. RiCINE.

Il Destruction d’un grand nombre de personnes, que l’on compare à des épis fauchés pur la mort : Le choléra faisait sa funèbre moission au Pirée et à Gallipoli. {Bazancourt.)

— Poétiq. Année :

Ah ! pourquoi n’ai-je encor vu que douz< ; moissons !

A. Chéniee.

Il Age mûr :

Je ne Buis qu’au printemps, je veux voir ta moisson.

A. CnÈNIBR,

Il Réunion d’objets nombreux et serrés comme des tiges de blé :

Partout les javelots, les lances et les traits D’une horrible moisson hérissent nos guiSrets.

Dslills.

Or des moissons, Couleur jaune des blés mûrs.

— Prov. Il ne faut pas mettre la faucille dans la moisson d’autrui, Il ne faut pas empiéter sur les droits, sur les attributions des autres. Il En moisson et en vendanges, il n’y a fêtes ni dimanches, Le travail ne peut souffrir d’interruption pendant la moisson et les vendanges.

— Mythol. gr. Déesse des moissons, Cérès.

— Ane. jurispr. Loi de moisson ou d’août, Droit de publier le ban de la moisson ou de vendre du vin en détail, à l’exclusion de toute autre personne, pendant le mois d’août.

— Ornith, Espèce de moineau de la Martinique.

— Encycl. La moisson, en d’autres termes la rtcolte du blé et des autres céréales, est une opération très-importante. Il ne faut pas attendre au dernier moment pour s’en occuper. On doit tenir compte de l’incertitude du temps et déployer le plus d’activité et de célérité possible. Le cultivateur doit donc, assez longtemps à l’avance, s’assurer du nombre de bras nécessaire pour.que tous les travaux s’accomplissent en temps opportun, et calculer rigoureusement ce nombre d’après l’importance de ses récoltes : ni trop, car il y aurait embarras dans les opérations et difficulté dans la surveillance ; ni trop peu, car les travaux languiraient et on serait exposé aux fâcheuses conséquences des variations atmosphériques. Les conditions à, faire aux moissonneurs varient suivant les usages locaux. Dans certains pays, on leur attribue une portion de la récolte déterminée à l’avance ; dans d’autres, on les paye en raison do la surface sur laquelle ils ont opéré ou de la quantité de céréales qu’ils ont moissonnée ; mais le plus généralement la rétribution se fait à tant la journée. Chacun de ces modes a ses avantages et ses inconvénients. Ainsi, dans le premier, on donne un salaire trop élevé ou trop minime, suivant le prix actuel des céréales ; dans le second, la quantité d’ouvrage a souvent lieu aux dépens de la qualité ; dans le troisième, l’ouvrier, s’il n’est pas bien surveillé, peut, comme on dit, en prendre à son aise. Néanmoins ce troisième mode est encore le plus avantageux ; le cultivateur est ainsi plus maître de ses mouvements et dirige ses travaux en toute liberté. En même temps, on a soin de visiter les véhicules, les chemins d’exploitation, les granges et les greniers, d’y faire les réparations nécessaires, de préparer les liens, etc.

L’époque de la moisson varie suivant les climats, la température de l’année, la nature du sol, l’exposition, l’espèce ou la variété des céréales cultivées, l’époque du semis, etc. Il esfdonc impossible de fixer ici des règles générales et rigoureuses. Les signes auxquels on reconnaît qu’il est temps de moissonner sont assez certains pour qu’on ne doive pas craindre de s’y tromper. On doit choisir autant que possible un temps sec ; mais il ne faut pas attendre trop longtemps ; les épis, dès qu’ils sont arrivés à maturité, s’égrènent facilement, et le moindre retard pourrait ici occasionner des pertes considérables. Il y a, au contraire, tout avantage à devancer de quelques jours l’époque de la maturité complète, surtout si les céréales sont uniquement destinées à la consommation. L’épi, séparé du sol, accomplit également toutes les phases de sa maturation, et la pratique est ici en parfait accord avec la théorie.

« Ainsi donc, disent MM. Girardin et Du Breuil, en commençant la récolte lorsque les tiges sont encore vertes : 1° on évitera la perte des graines que laissent échapper les céréales complètement mûres ; 2° la paille, moins épuisée, sera meilleure pour la nourriture des bestiaux ; 3» on courra moins de chances de voir la récolte détruite ou au moins diminuée par les accidents météoriques ; 4a le froment contiendra moins de son, car la pellicule se sera moins épaissie aux dépens du périsperme. Toutefois, cette méthode entraîne les inconvénients suivants : l° si l’on a les plus beaux grains, il y en a aussi qui n’ont pas acquis un degré de maturité suffisant ; 2° s’il survient des pluies opiniâtres, la récolte se sèche moins facilement et les grains, renfermant encore une forte proportion d’eau de végétation, germent plus vite ; 3° le grain, dans la plupart des cas, est moins propre à servir de se-