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menée. Pour concilier toutes les nécessités, il faudra donc couper les blés destinés a la panification aussitôt que la paille commencera à prendre une couleur jaune et que le grain aura acquis assez de consistance pour que l’ongle s’y imprime sans le couper ; mais il faudra laisser acquérir toute leur maturité aux céréales qui devront fournir.des semences. »

Le fauchage ou coupe des céréales se fait à la faucille, à la sape ou à la faux. Les anciens avaient des machines à moissonner ; elles consistaient en chariots armés de faux. Depuis quelques années, on commence à faire la moisson à 1 aide de machines perfectionnées, ■ appelées moissonneuses. Le grand avantage que présente l’emploi de ces machines est 1 économie et surtout la célérité du travail ; ce dernier point est de la plus haute importance dans une opération où le temps est très-précieux et où l’on tient à rentrer la récolte avant d’être surpris par les intempéries.

La hauteur à laquelle on coupe les céréales varie suivant l’outil employé et aussi suivant les usages locaux, la nature du sol, etc. Dans certains cas, on coupe rez terre ; dans d’autres, les chaumes laissés ont jusqu’au11’,50 de hauteur, et l’on observe pour ainsi dire tous les intermédiaires entre ces deux- extrêmes. Sur les terres argileuses et compactes, on laisse de grands chaumes qui, enfouis par un labour aussitôt après la moisson, ameublissent le sol et lui donnent une fumure partielle, san3 frais de transport, liais il serait bien plus avantageux d’en faire de la litière, et le surcroît de richesse donné ainsi à" la terre couvrirait largement les frais. D’autres fois, la céréale est mélangée de mauvaises herbes dont les semences pourraient se mêler aux grains récoltés. Mais ceci ne doit avoir lieu qu’accidentellement, et si les mauvaises herbes persistaient dans un champ, il faudrait y remédier par un mode de culture plus intelligent. C’est donc, en général, une économie mal entendue que de laisser des chaumes très-longs.

Dans les pays chauds et secs, on lie lesb^és en gerbes à mesure qu’ils sont abattus, puis on les porte à la grange ou au gerbier. Mais sous les climats froids et humides, il faut d’abord procéder au javelage ; cette opération consiste à laisser les céréales étendues sur le sol en couches minces ou javelles, qu’on retourne tous les matins pendant quelques jours, afin qu’elles soient bien soumises à toutes les influences du soleil et de la rosée ; on les retourne plus souvent quand le temps est à la fois humide et chaud ; s’il survient de la pluie, cela ne suffit plus et, pour éviter que les blés coupés ne moisissent, il faut les mettre en meulons, appelés aussi huttes, viottes, dizeaux, triuux, moies et générulement moyettes. C’est seulement quand les céréales sont complètement sèches que l’on doit les mettre en gerbes ; quand celles-ci sont confectionnées et que le temps s’est remis au beau, on bat les gerbes sur place, on les engrange ou on les met en meules, suivant les localités. Ce que nous venons de dire s’applique surtout au blé et, avec quelques modifications da détail, aux autres céréales.

Quoique le temps de la moisson soit pour le laboureur celui des grandes fatigues et des grandes inquiétudes, c’est aussi une époque de fêtes tant pour les maîtres que pour les ouvriers’. La première gerbe et surtout la dernière sont fêtées par le son des cloches, un repas ou des danses rustiques, restes des vieilles coutumes qui se perdent tous les jours. — Iconogr. Les anciens regardaient Cérès comme la déesse propice aux moissons ; ils la représentaient couronnée d’épis, tenant une faucille et ayant encore pour attributs un boisseau (modius) et un van. Tels sont a peu près les caractères que les artistes modernes donnent aux figures allégoriques de la Moisson. Simon Vouet, dans une peinture de l’ancien hôtel Bullion, à Paris, avait représenté la Moisson par une Céros entourée de petite Amours occupés à couper le blé d’un champ ; cette composition était accompagnée de deux autres, représentant la Chasse et la Vendange. Gio.-Qirol. Frezza a gravé, d’après Carie Maratte, deux pièces : la Moisson, et la Vendanye. Une composition de Jules Romain, luMoisson, a été gravée en clair-obscur (2 pi.) par Hugo daCarpi. Un artiste contemporain, M. Jadin, avait peintdans lagrande salle des banquets, à l’HÔLel de ville de Paris : la Moisson, la. Vendangera. Chasseetla i’êche ; ce$ peintures ont péri dans l’incendie de 1871. A l’Exposition universelle de 1855 figurait une Moisson de M. Gigoux : debeilesfillesetde vigoureux adolescents, vêtus a l’antique, coupent les blés ; un homme porte sur son dos un panier de cerises. Cette peinture, destinée à la décrfration d’un monument, a été exécutée pour faire pendant à une scène de Vendanges exposée au Salon de 1853. « La Moisson, a dit Th. Gautier, est une toile d’une couleur blonde et riche, maintenue dans une gamme de fresque qui fera sur la muraille une heureuse opposition aux tons safraués et vineux de la Vendange. » À cette même Exposition de 1855, M. Picou a exposé sous ce litre : la Moisson des Amours, un tableau représentant des jeunes filles cherchant dans, les blés, non des bluets et des pavots pour s’en fairo des couronnes, mais bien de petits Amours tout heureux de se laisser prendre.

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Les travaux ik la moisson ont été retracés d’une façon plus ou moins réaliste par une foule d’artistes de toutes les époques. La plus ancienne représentation que nous puissions citer est une peinture égyptienne d’un hypogée d’El-Kab {l’ancienne Elythïa) ; nous en avons donné une description dans notre article sur les beaux-arts en Égypte (VII, p. 272). Parmi les tableaux modernes, nous citerons ceux de Jacopo Bassano (au Louvre, n° 305, au Belvédère), J.-B. Oudry (au grand Trianon), Phil. Wouwerman (au musée du Belvédère), David Teniers (gravé par Ph. Le Bas, sous le titre de : la Troisième vue de Flandre), Topham (lithographie par A. Charpentier, 1861), Lambinet (lithographie par A. Anastasi, Salon de 1852), Ch. Daubigny (tableau exposé en 1852), Jules Breton (Exposition universelle de 1867), J.-J. Veyrassat (Exposition universelle de 1867), J.-J. van dur Mauten (Exposition universelle de 1867), E. Lavieille (la Moisson à l’heure de midi, Salon de 1872), Marilhat(So« ueiH>dePrat)< ?H( ?e, Salon de 1838), Edmond Hédouin (la Moisson à Chambaudouin, Exposition ■ universelle de 1855), Étienne Duval (Environs de Salerne, 1855), Paul Huet (Environs de Paris, Salon de 1859), etc.

Les Moissonneurs de Léopold Robert sont célèbres ; nous leur consacrons plus loin un article spécial, Ph. Le Bas a gravé la /lecréolion des moissonneurs, d’après Th. Michau. Citons encore : la Moissonneuse, charmant tableau d’Édouard Frère, payé 2,400 francs à la vente de San-Donato (1870) ; la Moissonneuse bernoise, gravure de Gabriel et Georges Lory ; une Moissonneuse attentive aux chants d’un jeune pasteur, tableau de Sehnetz (Salon de 1833) ; des Moissonneurs, tableau de François Millet (Salon de 1853) ; le Jtepos des moissonneurs, tableau de Grenier (Salon de 1834) ; des Moissonneurs surpris par l’orage, gravure do Steifensand (Salon de 1844) ; les Kabyles moissonneurs, tableau de Jules Magy (musée de Chaumont) ; les Moissonneurs au repos, tableau de Jean Desbrosses (Salon de 1808) ; les Moissonneurs algériens, tableau de Lazorges ; un Moissonneur, statue de bronze par Gumery (Salon de 1859) ; une Moissonneuse italienne, statue de marbre par Alfred Halou (Salon de 1867) ; une Moissonneuse, statue très-vivante, très-réaliste, par M. Charles Desouches (Salon de 1872).

Moissons (fête des), en Pologne. Elle a. lieu après que la récolte du seigneur est terminée et se célèbre d’habitude le jour de l’Assomption. La veille, les jeunes gens du village s’en vont choisir des épis de blé dans les champs des paysans leurs voisins, puis les apportent aux jeunes filles, qui en forment une couronne dans laauelle elles entrelacent. des fleurs, des baies d arbustes sauvages, des noix dorées et des rubans de nuances diverses. Ce travail se fait d’habitude chez celle qui, par sa sagesse et sa beauté, a mérité d’être choisie pour présider a la fête.

Le lendemain, dès l’aurore, chacun est sur pied. On commence la fête par couronner la jeune fille désignée, et-celle-ci, suivie do tout le village, se rend, au son de la musique, à l’église ; là, elle s’avance vers les marches de l’autel et dépose sa couronne, que le prêtre bénit pendant la inesse ; après quoi, la jeune fille la remet sur sa tète et se dirige, toujours au bruit des chants et de la musique, vers la demeure du maire de l’endroit, lequel attache un coq au haut de la couronne. Si le coq chante, tout le monde se réjouit, car c’est signe d’un bon accueil de la part du soigneur et d’une excellente récolte pour l’année suivante ; mais s’il ne chante paB, chacun redoute une froide réception et, s’il ne se met pas à becqueter les épis, à coup sûr la moisson sera mauvaise. Mais quels que soient les résultats à craindre ou à espérer, le cortège, poursuivant sa marche, arrive aux portes de la résidence seigneuriale, où il chante :.

«... Sortez, seigneur, des blanches murailles de votre château, et acceptez la couronne do la jeune fille, car c’est la couronne des couronnes ; elle est d’or pur, et non pus do blé, etc. »

Aussitôt que le seigneur, entend la voix des chanteurs, il se présente, accompagné de sa famille et do ses serviteurs, et, le chant terminé, l’orateur de la troupe lui adresse un discours en prose ou en vers. La musique se fait entendre aussitôt après la harangue, et les maîtres du château distribuent des récompenses aux travailleurs qui se sont le plus distingués durant le cours de la moisson. L’héroïne du jour reçoit le présent le plus considérable, ainsi qu’une somme en argent, et la femme du seigneur, détachant la couronne de sa tête, la dépose sur un meuble plr-cô dans le vestibule. Les domestiques déposent ensuite sur do grandes tables préparées à cette effet d’énormes rôtis, diverses sortes de mets de campagne et mettent en perce des tonneaux de bière et d’eau-de-vie. Le repas commence et les amphitryons ont le plus grand soin de leurs convives, veillant à ce qu’il ne manque rien au service.

Après le festin vient le bal ; il a lieu sur la

pelouso, et le seigneur l’ouvre avec la jeune

paysanne couronnée ; la dame du château

danse avec l’orateur villageois, et ses enfants

j imitent son exemple avec d’autres paysans ou

paysannes. Les rafraîchissements circulent

sans interruption, tandis que le restant des

’ convives se livre à des jeux de toute espèce,

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cioiirse au sac, ascension du mât de cocagne, etc. Les jeunes filles prepnent aussi leur part aux divertissements ; celles qui, portant sur la tête des baquets remplis d’eau, n’en laissent échapper aucune goutte reçoivent, pour prix de leur adresse, divers cadeaux, tels que rubans ou colliers. Les plaisirs se prolongent fort avant dans la nuit, parfois jusqu’au jour. La fête des moissons subit, selon les localités, de légères modifications. C’est ainsi qu’en Podlachie, lorsque le cortège s’approche du château, plusieurs gars se cachent derrière la porte et s’efforcent d’arroser, avec l’eau de leurs cruches, la jeune paysanne couronnée. Si, par la vitesse de sa fuite, celle-ci échappe au baptême qui la menace, chacun la couvre d’applaudissements et fûrme des vœux pour sa félicité.

Depuis les derniers événements de Pologne, cette fête ne se célèbre plus guère qu’en Gallicie, car les Russes ont fait partout le vide et le silence.

MOISSON - DESROCHES (Pierre-Michel), ingénieur français, né à Caen en -1785, mort en 1865. Admis à l’École polytechnique à dix-neuf ans, il en sortit le premier eu 1806 et devint ingénieur des mines en 1810. Frappé des avantages qui pourraient résulter des chemins de fer, dont des essais avaient été faits en Angleterre, il adressa à Napoléon un Mémoire sur la possibilité d’abréger les distances en sillonnant l’empire de sept grandes voies ferrées. Successivement ingénieur dans les départements de Montenotte, de Gênes, du Toro, des Apennins, des Landes, il fut envoyé en 1816 à Rive-de-Gier, puis dans l’Aveyron (1829), s’occupa de l’exploitation des mines, apporta divers perfectionnements, des méthodes nouvelles, substitua la vapeur aux chevaux, etc. Ce fut lui qui fut chargé d’organiser l’École des mineurs de Saint-Étienne, où il professa pendant un grand nombre d’années. Il était ingénieur en chef lorsqu’il fut mis à la retraite en 1848. On lui doit quelques écrits philosophiques et théologiques : Théologie nouvelle ; Sur l’ordre social ; le Conciliautisme, etc.

MOISSON-DEVAUX (Gabriel-Pierre-François), agronome et naturaliste français. V.

DliVAUX.

MOISSONNE s. f. (moi-so-ne). Arboric. Variété do figue.

MOISSONNÉ, ÉE (moi-S0-né) part, passé du v. Moissonner. Coupé, en parlant des céréales : Blé moissonne, il Dont on a récolté les moissons, en parlant d’un champ : Peut-être ces champs moissonnés M’offriront quelque fleur nouvelle Digne encore de votre nez : L’odeur mystique vous plalt-elle ?

Paunt.

— Fig. Détruit, renversé : Des enfants moissonnés avant l’âge.

Votre vie en sa Heur doit être moissonnée.

1ÎAC1NB.

MOISSONNER v. a. ou tr. (moi-so-nérad. moisson). Récolter, en parlant des blés et autres céréales : Moissonner le blé, l’avoine, l’orge, le seigle. Le tranchant de la faux

Moissonne les épis mûrs pour les vastes granges.

Moli.evaut. Il Dépouiller de ses moissons, on parlant d’un champ : Moissonner son champ.

— Par anal. Cueillir on grand nombre : • Les fleurs ont plus d’éclat quand l’amour les moi< (sonne. Colardeait.

— Par ext. Recueillir, amasser : Cultives bien vos champs sans vous soucier du reste ; bientôt vous moissonnkuez de l’or, et plus qu’il n’en faut pour vous procurer ce oui vous manque. (J.-J. Rouss.) il Obtenir comme résultat de ses actes : Moissonner des palmes, des lauriers. Qui sème la haine moissonne la vengeance.

— Fig. Détruire, faire périr : Le temps MOIS-SONNE plus d’hommes dans une minute que le faucheur n’abat d’herbes dans la même minute. (Chateaub.) L’homme détruit l’homme et le temps moissonnk te temps. (Lacordaire.) Le temps, qui moissonne tes vivants, ’disperse jusqu’à la cendre des morts. (A. Fée.)

Les yeux les plus brillants sont ternis par les larmes, Et trois jours de chagrin moissonnent bien des charmes. v Vhxbdieu.

— Poétiq. Jouir, profiter de :

Aimons, moissonnons nos désirs.

Ronsard.

— Absol. : Le parasite ne sème ni ne moissonne et trouve tout abondamment. (D’Ablanc.) L’injustice est un sable mçuoant et stérile où l’on ne sème ni ne moissonne. (Chateaub.) Paisible dans son champ, le laboureur moissonne.

J.-B. Rousseau.

— Prov. Celui qui sème lèvent moissonnera la tempête, Celui qui excite des troubles en sera lui-même victime. Il Comme tu sèmeras, tu moissonneras, Ta récompense sera proportionnée à ton travail.

Se moissonner v. pr. Être moissonné : Mais un champ ne se peut tellement moissonner. Que les derniers venus n’y trouvent a glaner.

La Fontaine.

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Moissonneur, euse s. (moi-so-nwr,

eu-ze — rad. moissonner). Personne qui est occupée à faire la moisson :

Ils.cueillent a pas lents, laborieux glaneurs. Les épis échappés aux mains des moissonneur».

. Rosseï.

— Adjectiv. Qui travaille à la moisson : On avait couronné la vierge moissonneuse.

Le village à la ville était joint pnr des fleurs.

DESnOUnES-VALHORE.

— s. m. Ornith. Nom vulgaire du freux.

— s. f. Econ. rur. Machine employée pour moissonner les céréales : Au concours agricole qui a eu lieu en 1860 à.la ferme de Pouilleuse, près de Rueil, ont’fonctionné un’assez grand nombre de moissonneuses de différents genres et d’origines diverses ; les moissonneuses françaises, américaines et anglaises y ont figuré avantageusement. (E. Clément.)-tes machines agricoles, fixes.-ou locomobiles, faucheuses, râteleuses, moissonneuses, ^ sont multipliées. (E. de La Bôdolliére.)

— Encycl. Econ. rur. Il y a quelques années, on ne connaissait que trois instruments pour faire la moisson : la faucille, la sape et la faux. Le plus usité était’et est encore la faucille, — malgré la lenteur de son travail, malgré l’extrême fatigue qu’elle inflige aux ouvriers. Mais le manque de bras dans les vastes champs de l’Amérique a poussé les mécaniciens de ce pays à chercher un moyen rapide de couper les blés ; c’est en effet d’Amérique que sont venues les premières machines à moissonner. Quelques savants, nêan . moins, se risquent à assurer, d’après Pline, que les Gaulois, nos ancêtres, avaient inventé une machine qui coupait les épis, laissant debout les tiges.

Les premières moissonneuses, qui datent de l’année 1820 environ, étaient composées des mêmes organes que la plupart de celles que l’on construit aujourd’hui. Comme ces machines sont toujours très-compliquées, le lecteur nous excusera* de ne pas lui présenter de dessins qui, pour être intelligibles, exigeraient une légende explicative d’une rebutante longueur. Nous nous bornerons à exposer brièvement le jeu des principales pièces dont est formée la moissonneuse inventée par l’Américain Mnc-Cormick et perfectionnée par MM. Burgess et Key, de Londres, dont elle porte le nom.

Qu’on se figure un véhicule tiré par deux chevaux. Ce véhicule supporte un bâti duquel partent, au niveau du sol et sur un seul côté, une rangée de piques qui pénètrent dans la moisson. Sur l’axédes roues du véhicule est montée une roue dentée qui transmet à une scie un mouvement de va-et-vient par suite duquel sont coupées les tiges engagées entre les piques. Une sorte de versoir en bois, appelé séparateur, sépare les tiges coupées du reste de la moisson. Elles tombent ainsi sur la plate-forme, d’où un ouvrier, nommé javeleur, les rejette sur le sol, derrière le véhicule. Dans quelques machines, le travail du javeleur est fait par des cylindres h hélices, ayant la forme de vis sans fin et tournant par le mouvement des rôties. Ces cylindres recueillent les tiges coupées et les jettent sur le sol en andains parallèles à la piste que les chevaux parcourent.

La moissonneuse de MM. Burgess et licy, qui a remporté le premier prix des machines étrangères et le prix d’honneur au concours international tenu, en ]SCO, sur le domaine de Fouilteuso, moissonne en moyenne soixante ares par heure et coûte 1,000 francs.

Mentionnons, à cause de sa célébrité, la machine de Bell, qui fonctionne en Écosse depuis 1828. Au lieu d’être tirée, clic est poussée par les chevaux, attelés derrière le véhicule. Son inventeur, Patrick Bell, est mort en mai 1SC9.

L’état actuel des moissonneuses laisse encore beaucoup de questions à examiner, soit au point do vue dynainométrique, soit nu point de vue des meilleures dispositions à donner aux organes. Quelle doit être la vitesse de va-ot-vient des scies, et comment est-il préférable d’en disposer les dents ? Lo pas des bœufs ne conviendrait-il pas pour conduire les machines ? La disposition des terrains en billons, si fréquemment en usage encore dans plusieurs parties de la France, ne serait-elle pas un obstacle à un bon emploi des moissonneuses mécaniques ? « Lo problème qu’il s’agit de résoudre, écrivait M. Barrai, rapporteur du jury au concours de 1860, n’est pas seulement une question d’économie. La machine à moissonner donnera un moyen certain d’augmenter de plus d’un quart le rendement des récoltes, en supprimant les causes fatales de déperdition que le mauvais temps et l’insuffisance delà main-d’œuvre produisent chaque année. En outre, la substitution do la machine aux bras, pour couper les céréales, supprimera certainement le travail le plus pénible qu’il soit imposé a. l’homme d’effectuer. Dans toutes les Académies, on récompense les inventeurs de procédés qui rendent certains arts moins insalubres. Combien sont dignes d’applaudissements ceux qui s’efforcent de, combiner des machines par lesquelles on pourra sauver chaque année tant de paysans tués par le soleil ou la pluie, les frappant sur le dos pendant douze. a quinze heures consécutives ! •

Depuis le jour où M. Barrai écrivait les lignes qui précédent, les moissonneuse* ont