Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 12, part. 3, Phen-Pla.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

général des Athéniens, était dans la Chersonèse, à la tête de son armée, tandis que Philippe continuait ses conquêtes en Thrace, envoyait des troupes dans l’Eubée et asservissait les villes importantes avec le concours des principaux citoyens, dont il avait fait, grâce à son or, ses créatures. Le roi de Macédoine se disposait à marcher contre Byzance, intriguant de tous côtés et songeant toujours à envahir la Grèce, lorsque Démosthène monta à la tribune pour convaincre les Athéniens de la nécessité de le combattre. C’est là le fond de la troisième Philippique prononcée en 342. Après avoir vivement reproché aux Athéniens la négligence et la faiblesse qui, dans leurs délibérations, leur fait préférer de pernicieuses flatteries à d’utiles conseils, il entreprend de prouver que Philippe, quoique en paix avec eux, en réalité leur fait la guerre et les joue. Il est surpris et indigné de la tranquillité de la Grèce et de son indifférence vis-à-vis de l’ennemi public. La cause de cette indifférence, il la signale dans la facilité à écouter les traîtres qui se laissent corrompre, tandis qu’autrefois on punissait avec la dernière rigueur les citoyens convaincus de la moindre corruption. Il revient sur tous les maux causés à la Grèce par les perfidies de Philippe et exhorte les Athéniens à redouter pour eux-mêmes des maux semblables et à les éviter, instruits qu’ils sont par l’exemple des autres. En terminant, il les excite par des motifs d’honneur à prendre en main la défense de la Grèce.

Grâce à l’influence de Démosthène, les Athéniens persévérèrent dans leurs projets de résistance à la Macédoine. D’un autre côté, la Perse, inquiète des envahissements de Philippe, était contraire à ses projets et, dans un voyage à Byzance, l’orateur s’était assuré des dispositions bienveillantes du grand roi. On apprend que les Perses viennent d’envoyer des secours aux Périnthiens assiégés par Philippe ; Démosthène monte à la tribune et exhorte les Athéniens à profiter de ce secours inespéré et revient sur tous les motifs énoncés dans les trois premières Philippiques pour tirer le peuple de son apathie si dangereuse.

Cette Philippique, prononcée en 341, réveilla enfin les Athéniens de leur indolence ; ils levèrent des troupes, délivrèrent l’Eubée et allèrent se joindre aux troupes persanes pour soutenir Périnthe. Pour arrêter ce mouvement, Philippe écrivit une lettre aux Athéniens où, mêlant adroitement le vrai et le faux, les plaintes et les menaces, il employait les raisons les plus spécieuses et les plus propres à retenir ceux qui lui étaient contraires et à fournir des arguments à ses créatures. Démosthène monta une dernière fois à la tribune et réussit à détruire l’impression que cette lettre pouvait laisser dans les esprits d’un peuple paresseux et léger.

Les Philippiques restent le monument le plus complet du patriotisme de Démosthène autant que de son génie oratoire. Ce sont des modèles de l’éloquence délibérative par la clarté de la discussion, la vigueur et l’enchaînement des preuves. « Le fond de ces discours, dit M. Léo Joubert, est un amour passionné d’Athènes, de tout ce qui pouvait raffermir sa liberté au dedans et contribuer à sa puissance au dehors. Le but qu’il montre à ses concitoyens, c’est l’indépendance de la Grèce se gouvernant librement sous la protection d’Athènes ; les moyens qu’il indique pour y atteindre sont toujours conformes à la politique la plus ferme, la plus sensée, et ne violent jamais la justice. Ses arguments, très-forts en eux-mêmes, parce qu’ils s’adressent aux sentiments les plus généreux, reçoivent une force nouvelle de la manière dont ils sont disposés. Présentant son sujet sous la forme la plus claire et la plus saisissante, écartant toutes les objections possibles par de courtes et décisives réfutations, enchaînant les preuves de telle sorte qu’elles se fortifient mutuellement et vont toujours en progressant, l’orateur marche vers son but avec un calme irrésistible. Cette force suprême, qui pour tout dompter n’a pas besoin d’efforts violents et n’emploie que les mouvements les plus simples et les plus faciles, caractérise éminemment les œuvres de Démosthène comme elle distingue les œuvres de Phidias. »

Les Philippiques ont souvent été éditées à part. Les principales éditions sont celles de Becker (Berlin, 1816), de Rudiger (Leipzig, 1818), de Vœmel (Francfort, 1829). Vœmel a accompagné la sienne de dissertations intéressantes. La meilleure traduction française est celle de M. Stiévenart (Paris, 1842, in-8o).


Philippiques (LES), harangues politiques de Cicéron, dirigées contre Marc-Antoine (septembre 43-avril 42 av. J.-C). Elles sont au nombre de quatorze, et le grand orateur latin les a appelées Philippiques en souvenir de celles du grand orateur grec, avec lesquelles quelques-unes peuvent être comparées. Après le meurtre de César, Octave, jeune héritier de son nom, était devenu le chef d’une faction nouvelle. Les ambitieux, dans le désordre général de l’État, se servaient de ce nom avec habileté. Antoine, jaloux de sa jeunesse, se déclara son ennemi, croyant faire assez pour son crédit en se portant le vengeur de la mémoire de César. Mais la défaveur s’attacha à cette ambition subalterne, et Cicéron, instruit de ce qui se passait, retourna à Rome avec la résolution d’attaquer Antoine dans le sénat et de ramener la république à quelques semblants de liberté.

La première Philippique, prononcée dans le sénat, fut dictée par une intention des plus louables. Antoine manifestait le dessein d’abolir les lois portées par César :Cicéron parle pour qu’on les maintienne dans leur intégrité. La seconde Philippique, celle que Juvénal appelle divine et qui causa, selon lui, la mort de Cicéron, ne fut jamais prononcée ; Cicéron la publia au moment où Antoine marchait contre Decimus Brutus pour lui arracher la Gaule Cisalpine. S’il suffit, pour faire la véritable éloquence, d’une haine implacable et profonde, il est impossible de rien imaginer de plus éloquent que la seconde Philippique. Il n’y a pas d’action odieuse et infâme que Cicéron n’y reproche à Antoine. Dans la troisième, l’orateur reproduit une partie des accusations portées contre Antoine, et il fait l’éloge de Decimus Brutus et d’Octave. La quatrième contient le récit des opérations militaires d’Octave contre Antoine et une exhortation aux Romains pour les exciter à reconquérir leur ancienne liberté. Si Antoine veut la paix, il faut qu’il dépose les armes, qu’il demande la paix, qu’il l’implore :c’est le sujet de la cinquième Philippique. Dans la sixième, l’orateur se plaint qu’on ait envoyé à Antoine des députés chargés de lui défendre d’assiéger, dans Modène, Decimus Brutus, un consul désigné. Il prétend qu’Antoine méprisera leurs sommations ; toutefois, il souhaite un bon succès à cette démarche, qu’il ne saurait approuver. La septième Philippique est consacrée à faire voir toute l’infamie qu’il y aurait à traiter de la paix avec un misérable tel qu’Antoine ; la huitième, à montrer qu’Antoine est véritablement l’ennemi de l’État et qu’il faut prendre une délibération au sujet de ceux qui accompagnent ce criminel et de ceux qui l’ont quitté avant les ides de mars. Il s’agit, dans la neuvième, des honneurs qu’on doit rendre à Servius Sulpicius, qui avait été envoyé auprès d’Antoine et qui était mort avant d’avoir pu exécuter les ordres du sénat. La dixième Philippique est une éloquente apologie de Brutus contre les accusations du sénateur Calenus. La onzième est une diatribe contre P. Dolabella, qui gouvernait la Syrie en vertu d’un décret jadis proposé par Antoine. Pison et Calenus, deux autres créatures d’Antoine, voulaient qu’on s’entendît avec le rebelle. Cicéron, dans la douzième Philippique, s’élève avec force contre leurs projets, et il démontre de nouveau qu’il n’y a pas de traité possible entre la république et Antoine. Il reprend le même sujet dans la treizième. Il blâme Lépide de pencher pour un accommodement ; et, comme Lépide peut abuser de l’autorité dont il dispose, il demande qu’on prenne des précautions contre lui. La quatorzième Philippique fut son chant du cygne, suivant le mot dont il caractérise lui-même le dernier discours de Crassus. Cicéron la prononça à l’occasion de la victoire, du reste peu décisive, gagnée par Hirtius Pansa et Octave sur l’armée d’Antoine. L’éloge des soldats de la légion de Mars, qui avait eu les honneurs de la journée, et même tout le discours peuvent compter parmi les plus belles choses que Cicéron nous ait laissées.


Philippiques (histoires) [Historiarum Philippicarum libri XLIV], par Justin (IIIe ou IVe siècle de l’ère moderne). Cette composition offre d’intéressants extraits de l’Histoire philippique de Trogue-Pompée, qui était également en XLIV livres et qui est perdue. On pense qu’elle-même suivait d’assez près les Philippiques de Théopompe, ouvrage grec en LVIII livres sur la vie de Philippe V, roi de Macédoine, et dont ou ne possède que des fragments insignifiants. La compilation de Justin serait donc précieuse si elle offrait un résumé de l’ouvrage de Trogue-Pompée ; mais il n’en est rien. Il s’est borné à extraire les morceaux qui lui plaisaient le plus sans se soucier de laisser dans l’ombre des chapitres bien plus importants, historiquement, que ceux qu’il choisissait. Divers critiques le lui ont reproché et ils ont eu tort, puisque tel n’était pas son plan. « Pendant mes loisirs, dit-il, j’ai extrait de l’ouvrage de Trogue-Pompée ce qui m’a paru digne d’être connu, laissant de côté ce qui n’était ni utile à connaître ni agréable à lire. J’ai fait un humble bouquet de fleurs. « C’est donc une collection d’extraits, une anthologie et non un abrégé d’histoire que nous possédons. L’Histoire de Trogue-Pompée offrait le récit de la fondation, de l’agrandissement et de la chute de l’empire macédonien depuis Philippe, père d’Alexandre, jusqu’à la réduction de la Macédoine en province romaine. L’auteur faisait rentrer dans son cadre des notices géographiques et historiques sur les diverses nations qui se trouvèrent successivement en lutte avec les Macédoniens. L’Histoire philippique était donc jusqu’à un certain point une histoire universelle.

Jaloux de voir, de son temps encore, les historiens grecs écrire en grec l’histoire romaine, il s’était mis en tête d’écrire en latin l’histoire grecque, et c’est ce qui explique ce fait bizarre en apparence d’un Latin donnant pour centre à sa composition l’empire macédonien au lieu de Rome. Il rapporta, dans leur ordre chronologique, les faits remarquables intéressant les grandes nations, les cités, les rois célèbres, et se distingua de ses devanciers en proscrivant les harangues et autres fictions ; l’histoire était ainsi réduite à son propre domaine, sans empiéter sur celui de l’éloquence. Les extraits faits par Justin, qui a suivi scrupuleusement chaque livre, donnent une idée satisfaisante de sa manière générale, mais ne suffisent pas, en définitive, pour qu’on juge l’ensemble, puisqu’on ne sait pas si ce qu’il a laissé était inférieur ou supérieur à ce qu’il a pris. Toujours est-il que c’est à lui et non à Justin, simple compilateur, qu’il faut adresser le blâme ou l’éloge ; aussi relèverons-nous l’inadvertance de Laharpe, qui ne parle que du second et se tait sur le premier. « Justin, dit-il, n’est pas un peintre de mœurs, mais c’est un fort bon narrateur. Son style, en général, est sage, clair et naturel, sans affectation, sans enflure et semé de morceaux fort éloquents ; il ne faut pas chercher beaucoup de méthode ni de chronologie ; c’est un tableau rapide des plus grands événements arrivés chez les nations conquérantes ou qui ont fait quelque bruit dans le monde. Plusieurs traits de ce tableau sont d’une grande beauté et peuvent donner une idée de cette manière antique, de ce ton de grandeur si naturel aux historiens grecs et romains. » Laharpe cite ensuite des passages qui sont, en effet, fort remarquables. Dans le premier, l’historien peint le retour d’Alcibiade ; c’est une page vivement colorée et qui ne pâlit pas devant celle où Xénophon, dans les Helléniques, a retracé le triomphe de l’élégant favori du peuple athénien. L’autre passage est un magnifique portrait de Philippe, roi de Macédoine, et un parallèle juste et frappant de ce prince avec son fils Alexandre. Ces morceaux étant des extraits textuels de l’original, il faut y admirer l’art de Trogue-Pompée, et non le talent de son compilateur.


Philippiques (LES), pamphlets en vers, de Lagrange-Chancel (1720). Le nom de Lagrange-Chancel serait probablement tombé dans l’oubli s’il ne se fût créé une sorte de célébrité par des odes qui font plus d’honneur à son talent qu’à son caractère ; car ces odes, écrites sous l’inspiration des conciliabules de Sceaux et auxquelles il donna le nom de Philippiques, parce qu’elles étaient dirigées contre Philippe, duc d’Orléans, régent de France, ne sont autre chose, au fond, qu’un libelle affreux dont la mémoire du poète a plus à souffrir encore que celle du prince. On sait aujourd’hui la valeur de ces accusations d’empoisonnement dont Lagrange, à l’instigation des ennemis du régent, n’a pas craint de le flétrir. Lorsque ces odes parurent, elles se répandirent manuscrites dans tout Paris, dans toute la France. Le régent voulut les connaître, et le duc de Saint-Simon lui en fit lecture. Tant qu’il ne fut question que de ses débauches, le régent ne dit rien ; mais quand vint cette strophe :

Nocher des ombres infernales,
Prépare-toi, sans t’effrayer,
À passer les ombres royales
Que Philippe va t’envoyer ;

le prince, frémissant d’indignation, fut près de s’évanouir, et, ne pouvant retenir ses larmes, il s’écria : « Ah ! c’en est trop ! Cette horreur est plus forte que moi : j’y succombe. » Lagrange, informé de la colère du duc d’Orléans, se réfugia à Avignon. La dénonciation d’un officier qu’il croyait son ami le livra à la juste sévérité du régent, qui l’envoya prisonnier aux îles Sainte-Marguerite. Après avoir erré misérablement pendant plusieurs années en pays étranger, il revint en France, après la mort du régent ; mais il n’y trouva ni considération, ni gloire, ni repos. « Nous omettons, par raison de bienséance, dit M. Augustin Challamel dans sa Régence galante, les passages des Philippigues où le régent est accusé des crimes les plus monstrueux, où on le dénonce comme un Néron à la deuxième puissance, comme un Héliogabale moderne, comme un nouveau Sardanapale ; où l’on compare la duchesse de Berry à Messaline ; où l’on appelle à cris redoublés les Euménides, vengeresses des divorces et des incestes… Jamais critique plus passionnée ne se montra plus prodigue d’injures. Les Philippiques dépassaient ce qu’on avait vu jusqu’alors de plus virulent en fait de libelle. » Une nouvelle édition de ces satires a paru en 1858 ; elle est due à M. de Lescure, qui l’a augmentée de notes historiques et littéraires (1 vol. in-12).


PHILIPPISME s. m. (fi-li-pi-sme). Politiq. Parti des philippistes.


PHILIPPISTE s. m. (fi-li-pi-ste). Hist. relig. Nom donné aux sectateurs de Philippe Mélanchthon.

— Hist. politiq. Partisan du roi Louis-Philippe et de sa dynastie.


PHILIPPODENDRÉ, ÉE adj. (fi-li-po-dain-dré — rad. philippodendron) Bot. Qui ressemble au philippodendron.

— s. f. pl. Famille de plantes dicotylédones, voisine des malvacées, ayant pour type le genre philippodendron.


PHILIPPODENDRON s. m. (fi-li-po-dain-dron — de Louis-Philippe, roi des Français, et du gr. dendron, arbre). Bot. Genre de végétaux, type de la famille des philippodendrées, comprenant plusieurs espèces qui le Népaul.


PHILIPPOPOLI, la Philippopolis des anciens, appelée Filibeh par les Turcs, ville de la Turquie d’Europe, dans la province de Roumélie, à 172 kilom. N.-O. d’Andrinople, sur la rive droite de la Maritza, qui y devient navigable et qu’on traverse sur des ponts de bois pour se rendre dans le faubourg de Peræ ; 48,000 hab. Elle est ceinte d’une muraille flanquée de tours et dont le développement est à peu près de 5 kilom. Fondée ou restaurée par Philippe, père d’Alexandre, elle devint une grande cité ; car les Goths, qui la prirent en 250, y massacrèrent, dit-on, 100,000 personnes. En 374, les eusébiens s’y réunirent en concile, sous la présidence d’Étienne d’Antioche, y attaquèrent vivement saint Athanase, excommunièrent Osius, saint Maximin de Trêves et le pape, et rédigèrent une nouvelle profession de foi dans laquelle, comme d’habitude, le mot de consubstantiel était omis. On condamna pourtant ceux qui disaient que le Fils était tiré du néant ou qu’il était d’une autre substance que le Père. Les empereurs latins de Constantinople firent de Philippopoli le siège d’un duché ; puis cette ville tomba au pouvoir des Turcs. Avant un tremblement de terre qui la ravagea en 1818, elle était le siège d’un archevêché grec et avait quantité de rues bien bâties, plusieurs églises grecques et arméniennes, des caravansérails et de beaux bazars. Depuis lors elle s’est relevée de ses ruines et possède des fabriques considérables de gros draps, d’étoffes de soie et de coton, de maroquin très-estimé, de savon et de tabac. Par sa position centrale à la rencontre des routes de Constantinople, de la Bulgarie, de la Valachie, de Serès et de Bazardjeck, elle est devenue la place commerciale la plus importante de la Roumélie. Philippopoli est le centre de productions considérables de céréales, de graines oléagineuses, riz, vins, laines, soies, tabac ; ses essences de roses sont renommées.

Ses transactions annuelles se montent de 20 à 24 millions de francs, partagés également entre l’importation et l’exportation. Ses exportations consistent en blé et farine (4 millions 1/2), laines, riz, coton, tabac, essences de roses, etc. Parmi ses principaux articles d’importation figurent les toiles de coton, les indiennes, les fourrures, le sucre, l’indigo et le cuivre.


PHILIPPOTEAUX (Henri-Emmanuel-Félix), peintre, né à Paris en 1815. Élève de Léon Cogniet, dont il fut plus tard le collaborateur, il acquit de très-bonne heure une grande facilité d’exécution. Dès l’âge de dix-huit ans, en 1833, il envoyait au Salon la Roche de glace, épisode des guerres d’Amérique. La Retraite de Moscou, exposée en 1835, frappa les amateurs au double point de vue de la mise en scène et de la couleur. De ce Salon date le véritable début de l’artiste dans la carrière, et depuis ce moment les tableaux de M. Philippoteaux se sont succédé presque sans interruption. Il s’est fait une place honorable entre M. Yvon et M. Pils. À une grande habileté de brosse, il joint l’instinct de la mise en scène et la science de la composition. Il a obtenu une deuxième médaille en 1837, une première en 1840 et la croix de la Légion d’honneur en 1846. M. Philippoteaux s’est adonné presque constamment à la peinture militaire ; néanmoins il a exécuté quelques tableaux de genre, quelques portraits, et il a collaboré, comme dessinateur, au Journal pour tous, ainsi qu’à divers recueils et ouvrages illustrés. Parmi ses nombreux tableaux, nous citerons : la Prise d’Ypres (1837) ; le Siège d’Anvers en 1792 (1838) ; le Combat de Stockach (1839) ; Bayard au pont du Garigliano ; Louis XV visitant le champ de bataille de Fontenoy (1840), une de ses meilleures toiles, qu’on voit au musée du Luxembourg. À partir de cette époque, M. Philiippoteaux reçut de nombreuses commandes du gouvernement et travailla, avec M. Léon Cogniet, à la Bataille du mont Thabor, pour les galeries de Versailles. Il exposa ensuite : Entrée du col de Mouzaïa ; Défense de Mazagran (1842) ; l’Attaque de Médéah (1843) ; Retour des Sedanais après la bataille de Douzy ; Combat de l’Oued-Jer ; la Razzia ; le Rapt (1844) ; Bataille de Rivoli (1845) ; le Duc d’Orléans accordant la liberté à deux prisonniers ; Femmes mauresques d’Alger ; Une rue d’Alger (1846) ; le Colonel Gourgaud sauvant la vie à Napoléon (1848 ;  ; Épisode de la campagne de France ; Un duel ; Halte de chevau-légers ; la Couronne de pervenches (1849) ; le Dernier banquet des girondins (1850), au musée de Marseille ; le Général Bonaparte ; Déception ; le Retour du cabaret (1853) ; Épisode de la défaite des Cimbres (1855) ; Charge des chasseurs d’Afrique à Balaklava (1859) ; le Général Forey acclamé par les troupes de sa division après le combat de Montebello ; l’Empereur embrassant le général Forey à la gare de Voghera ; Religieuses à la chapelle (1861) ; Combat de Montebello ; Combat de Diernstein (1863) ; Siége de Puebla ; le Général Forey, à la tête de l’armée française, fait son entrée triomphale à Mexico le 10 juin 1863 (1865) ; Retour du pardon de Sainte-Anne-la-Palude (1860); Arrivée des cendres de Napoléon Ier à Courbevoie (1867) ; Prise de la grande redoute à la bataille de la Moskowa ; le Dimanche à Saint-Séverin (1870) ; Scène du bombardement de Paris (1873). Citons encore de lui : le Passage du Tagliamento ; le Combat de Raab ; le Siège