Page:Lasserre - La Morale de Nietzsche.djvu/151

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
139
APPENDICE

Que Nietzsche ait pu être sincèrement désanchanté du caractère, des idées et de la musique de Wagner, et cela pour des raisons qui tiennent à la délicatesse de sa nature morale, à la hauteur de sa philosophie et à la perfection de son esthétique, M. Schuré n’y songe pas un instant. Ce fut une apostasie. Elle éteignit chez Nietzsche « toute la lumière de la sympathie ». Et elle l’entraîna de chute en chute jusqu’au crime.


Ce n’est pas impunément qu’on jette l’anathème aux maîtres auxquels on doit son initiation et ce n’est pas impunément qu’on maudit ses dieux. À partir de ce moment, Nietzsche entre dans un désert d’où il ne sortira plus et qu’il peuplera tantôt des rêves ardents de son orgueil, tantôt des fantômes troubleurs de sa mauvaise conscience. Il avoue lui-même sa peur… (Ibid.)


Cet athéisme, cette férocité, ce sentiment d’universelle haine que M. Schuré explique par la rupture de Nietzsche avec Wagner, certain professeur d’université allemande les attribue à une rupture aussi, mais différente. Nietzsche, pendant son service militaire, tomba assez malheureusement de cheval et se brisa la clavicule. Cet accident l’empêcha de devenir officier de réserve. Il en ressentit un désespoir et une fureur qui allèrent jusqu’à la frénésie.

Mais le véritable et trop spirituel inventeur du « nihilisme » de Nietzsche, c’est M. T. de Wyzewa.