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APPENDICE

Nietzsche la meilleure histoire de la musique qui soit. » Avis à nos musicographes.

J’ai hâte d’arriver aux seuls travaux vraiment sérieux dont Nietzsche ait été l’objet en France. Le livre de M. Henri Lichtenberger, auquel j’ai fait allusion, se recommande à toutes les personnes désireuses de connaître cette philosophie et cette personnalité, encore énigmatiques, autrement que par des caricatures ou des apologies. Il est substantiel et clair, inspiré par une sympathie très loyale pour le maître qui pouvait dire : « Je ne sens pas en moi une seule goutte de sang malpropre, » en même temps qu’empreint de la plus fine réserve. M. Lichtenberger expose dans toute sa force et son âpreté la pensée de Nietzsche, mais comme en l’interprétant tacitement par une sagesse plus calme, ce qui rend son exposition agréable et vivante et fait son livre personnel. J’y critiquerais peut-être une tendance à isoler Nietzsche, à nous le donner comme une nature très particulière, bien plutôt que comme fauteur d’un mouvement général de pensée. Sans doute, Nietzsche est plus exceptionnel encore qu’on ne saurait le dire. Et ceci devrait refroidir un peu la jactance « nietzschéenne » de quelques très jeunes gens, pareils, eux, à beaucoup d’autres. Mais on peut penser que cette extrême personnalité a seulement permis à Nietzsche de donner un tour très vif et très surprenant à des idées déjà mûres, attendues en Europe. M. Lichtenberger ne redoute,