Page:Lasserre - La Morale de Nietzsche.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
61
LA MORALE DE NIETZSCHE

Mais, par quelque biais qu'elle dirige l'homme vers ses fins, il est une contrainte qu'invariablement elle lui impose, à savoir : celle qu'il a à exercer sur lui-même dans le sens des vertus d'où dépendent son salut et sa primauté.


    de la force et de la violence dans toutes les institutions de la justice. Une force qui écrase injustement d’autres forces et qui, après cette victoire se montre organisatrice, fonde un ordre de justice, une paix qui rend la justice possible. L’histoire ne nous montre qu’en trop de cas ce spectacle. Il est niais ou malhonnête d’édulcorer les leçons de l'histoire et mieux vaut écouter Nietzsche. Mais le même sens expérimental et positif, qui nous fait voir que rien ne saurait différer autant d’une pastorale que le tableau vrai des événements humains, nous montre aussi (et c’est ce dont je ne tenais pas assez de compte) que le progrès général de la civilisation et des lumières dans les peuples de l’Occident (je dis : de l’Occident) y ôte d’avance toute justification aux entreprises « exterminatrices » tentées soit par un peuple contre un autre, soit, dans un peuple, par un parti contre un autre parti et condamne ces entreprises à l’échec. L’échec peut malheureusement (nous l’avons assez vu) ne survenir qu’après beaucoup de ravages accomplis. Il reste donc vrai, que la première vertu des peuples et des gouvernements, c’est qu’ils soient forts. C’est la condition primordiale pour qu’ils puissent être doux et justes.