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III

« Plutôt n’importe quelles mœurs, dit Nietzsche, que pas de mœurs du tout ! »

Sans doute ! mais il y a pour l’homme bien des façons de se représenter l’ordre et la discipline convenables à sa nature. Il y a eu bien des sortes d’éthique, autant que de climats, de religions, de patries, de castes sociales. Qu’est-ce qui fait adopter l’une plutôt que l’autre ? Qu’est-ce qui, pour une société, une famille humaine déterminée, assigne à chaque mode d’agir et de sentir son rang respectif dans l’échelle des valeurs morales ? Qu’est-ce qui qualifie le bien et le mal ?

Toujours la volonté de puissance. Tout critère d’estimation morale est au fond, pour ceux qui l’adoptent et le préconisent, un moyen de s’assurer la grandeur. Il s’inspire des conditions qu’il faut ou qu’il faudrait à une certaine catégorie d’hommes pour primer ; ces conditions, il les érige en norme, en idéal de la vie.