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les épis

Au vent ne jettera vos propos amoureux.
En face du malheur, enfants, soyez heureux !
L’amour est plus puissant, entouré de ruines.
La souffrance et l’amour font les âmes divines.
Aimez-vous ! Aimez-vous ! Le bonheur trop souvent,
Est infidèle, hélas ! comme le flot mouvant.

* * *

Ô soleil paresseux, tu caches ta lumière,
Et tu n’as pas fini ta course journalière !
Vas-tu donc te coucher comme un vieux pèlerin
Qui ne peut, sans dormir, achever son chemin ?
Pourquoi ce voile noir qui va couvrir ta face ?
Cet éclat qui languit ? ce rayon qui s’efface ?
Pourquoi ton front brillant s’est-il donc obscurci,
Et ton orbe orgueilleux, tout à coup rétréci ?
Naguère, en descendant par de-là les montagnes,
Tu souriais encore à nos fraîches campagnes ;
Tu ranimais nos bois par ta douce chaleur ;
Tu rendais à nos prés l’arome et la couleur.

Ô soleil oublieux, la terre est belle encore
Quand ton joyeux reflet l’illumine et la dore !