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tonkourou


— Soutiens-moi, mon enfant, dit-il, sois mon appui !
Ô le monstre ! le monstre ! On le disait… c’est lui !…
D’une honnête apparence en vain il se décore ;
On le connaît !… Ruzard, je peux le tordre encore !

Puis il ferma les poings, secouant sa torpeur
Et jurant que jamais on ne lui ferait peur.



Mille dards flamboyants transpercent la toiture ;
On entend des sanglots de bête à la torture ;
Le feu qui porte au loin son tourbillon doré,
Dans les stalles de bois n’a pas tout dévoré.

Un voile noir et lourd, impénétrable obstacle,
Tendait ses plis épais sur le triste spectacle,
Et, sous les sombres cieux, par les vents animés,
Passaient en frémissant des tisons enflammés.
Les blancs flocons de neige imprégnés de lumière
Semblaient des feuilles d’or s’envolant en poussière
Et le pré d’alentour était comme un étang
Où le vent de la nuit aurait roulé du sang.

Ruzard tient à Lozet, pour lui rendre courage,
D’hypocrites discours. Mais une sourde rage