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tonkourou

Grondait au fond du cœur de l’honnête habitant.
Il n’écoutait personne ; il allait répétant :

— C’est un traître ! un maudit ! Que le diable l’emporte !

Un des vieux l’aborda :
— La colère nous porte,
Mon brave ami, dit-il, à souvent nous tromper.
Quelque soit l’instrument que Dieu prend pour frapper,
C’est toujours jusqu’à Dieu que remonte l’épreuve.

— Je sais que l’on se venge et j’en aurai la preuve,
Répliqua Jean Lozet. Ce n’est pas un soupçon.
Je puis vous en parler de ce lâche garçon
Que j’ai reçu, nourri, gardé dans ma demeure,
Et qui veut, en retour, me ruiner sur l’heure.

— Comment ! vous accusez mon honnête patron ?
Reprit une autre voix vibrant comme un clairon.

Or, c’était le pilote. Il écarta le monde :

— Qu’on ne l’accuse pas ! Avant une seconde
J’aurai puni, fit-il, le lâche accusateur !