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tonkourou


— Ton patron, comme toi, n’est qu’un vil imposteur,
Hurla le vieux Lozet dans sa colère folle.

Le pilote, aussitôt, se précipite, vole,
Repoussant de ses bras les paysans surpris,
Et vient près de Lozet qu’il traite avec mépris,
Jeter, pour être souple en cette lutte ardente,
Son grand capot de drap sur la neige fondante.

— Dis donc encor, Lozet, que mon maitre est méchant ;
Tu verras si jamais je fais le chien couchant.
Que l’on m’attaque, moi, c’est très bien, je l’endure ;
Mais lui, non ! Et voilà trop longtemps que ça dure.

La querelle faisait du bruit ; jeunes et vieux
S’approchaient tour à tour pour entendre ou voir mieux.
Mais, plus vives que tous, deux femmes dont les larmes
Redoublaient de la voix la douceur et les charmes,
Courent, les bras ouverts, aux deux fiers ennemis :
Une épouse, une enfant.
Sur leurs pieds affermis,
Les lutteurs aveuglés se mesurent, s’observent.
Louise la première :
— Oh ! les cieux vous préservent