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tonkourou

D’oublier plus longtemps la douce charité !
Dit-elle avec candeur au pilote irrité.
Mon père, calmez-vous ! Pardonnez, ô mon père !
Le malheur qui le frappe, hélas ! le désespère !

Et puis la jeune fille entrecoupait ses mots
D’affectueux baisers et de profonds sanglots.
Et la mère Lozet, muette dans sa peine,
Entourait de ses bras ainsi que d’une chaîne
Le torse musculeux de son aveugle époux.

Devant cette prière expire le courroux.
Et les bouillants vieillards s’en vont la tête basse.
Cependant plus il songe à tout ce qui se passe
Et plus Lozet se croit victime d’un complot.



Le feu tombait enfin comme s’apaise un flot ;
La neige, aux environs, devenait violette.
La grange semblait être un immense squelette
Avec ses longs poteaux et ses légers entraits.
Ça ressemblait de loin à de flamboyants traits,
À de grands traits de flamme épars dans les airs sombres.
La charpente s’ébranle au-dessus des décombres :