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tonkourou

Elle tourne la tête, aperçoit le marin.
Il porte sur son front les traces du chagrin.
Elle rougit. Le feu qui colore sa joue
Est comme le rayon qui descend et se joue
Sur la mer. Aussitôt, comme un souffle embaumé
Entr’ouvre d’une fleur le calice fermé,
Un sourire entr’ouvrit sa bouche ravissante.

— Que mon âme, Léon, vous est reconnaissante !
Vous avez arraché mon vieux père à la mort,
Dit-elle, se levant.
— Et j’en bénis le sort,
Ô Louise ! reprit le jeune capitaine.
Votre amitié constante, oui, soyez-en certaine,
Me récompense assez de tout ce que j’ai fait.

Puis, après un repos :
— Le père Jean me hait ;
Mais je vais m’éloigner ; vous le savez sans doute.
Demain, avant le jour, je serai sur la route.
De braves compagnons veulent s’unir à moi
Pour secouer le joug d’une pesante loi.
À saint Charles déjà l’on se lève, l’on s’arme.
La voix de Papineau, comme un tocsin d’alarme,
A réveillé partout le courage endormi.