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tonkourou

Qui déroulaient au vent leurs couleurs inconstantes,
Des panaches de flamme et puis de riches tentes
Qui se pliaient toujours pour se dresser encor.

Et toujours variait l’ineffable décor
De ce théâtre immense, ardent, incomparable.
On eut dit des flots d’or qu’un souffle inexorable
Tourmentait sur un lit formé de diamant ;
Des rideaux merveilleux qui changeaient constamment
Sans rien perdre jamais de leur beauté première ;
Ou des anges en chœur, dansant dans la lumière
Au seuil harmonieux des célestes Parvis.

Et Léon, par moments, portait ses yeux ravis
Sur les déserts de neige uniformes, sonores,
Qu’illuminaient partout les brillants météores.
Il vit glisser soudain, comme un esquif sur l’eau,
Un traîneau sombre au fond du radieux tableau.
Hurlant comme des loups, attelés à la file,
Plusieurs chiens le tiraient sur la plaine immobile.
Il venait de l’Hudson sans doute. Il approchait.
Un homme seul, assis, d’une gaule léchait
Le flanc maigre et velu de la meute sauvage.

Et plus l’homme avançait et mieux son brun visage