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tonkourou


Il était anxieux, et d’un œil en courroux
Il fixait cependant le sauvage à genoux.
Il croyait, le peureux, à chaque instant entendre
Son ami d’autrefois le trahir et le vendre.

Lozet était muet comme un marbre glacé.
Il voyait le complot qui l’avait enlacé,
Et son cœur était plein d’une amère tristesse.
Le chef continua :
— De ma scélératesse
Tu fus victime encore, ô Lozet, depuis peu ;
Et ma coupable main a fait jaillir le feu
Qui consuma, tu sais, en une nuit, ta grange.

Ruzard éprouve alors une frayeur étrange.
Il vole d’un seul bond auprès de Tonkourou
Et, parlant à Lozet :
— Le chef huron est fou !…
Il n’est pas comme il dit, malfaisant et coupable.
Et quand il le serait ! quand il serait capable
De tant de fourberie et de tant de forfaits,
Vengez-vous, lui dit-il, par de nouveaux bienfaits !

Cette feinte pitié fut un nouveau supplice
Pour le chef. D’un regard il dompta son complice.