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tonkourou


François se détourna tremblant, terrifié.
L’avenir croulait-il, si bien édifié ?

— La perte d’une grange est un mal rachetable —
Ajouta l’indien en jetant sur la table
Un sac de cuir plein d’or — Cet or, je l’ai gagné
À chasser dans les bois sous un ciel éloigné ;
C’est le fruit du travail, Lozet, tu peux le prendre.

— Et mon enfant aimé, pourras-tu me le rendre ?
Cria la pauvre mère en un fiévreux transport.

— J’ai respecté sa vie, et, pourtant… il est mort !

— Mort ? reprit Jean Lozet. Dans quelle circonstance ?

— Mort au champ de l’honneur, sans effroi ni jactance.

— Mort ! firent dans la nuit de lugubres échos.

— Lève-toi, dit Lozet ; cherche en Dieu le repos.

— Merci ! fit le huron. Je laisse ta demeure ;
Pour que mon deuil finisse il faudra que je meure !

Alors il se leva pendant que l’on pleurait,
Sortit, et d’un pas lent rentra dans la forêt.