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tonkourou


Les femmes se sauvaient au bois tout effrayées ;
Elles semblaient des fleurs par le vent balayées.
Nous nous barricadons d’abord dans le couvent.
Cette chaste oasis n’entendait pas souvent
Le cliquetis du fer, les cris des sentinelles.
Nous étions pour plusieurs des bandes criminelles.

Le curé du hameau, devinant bien comment
Serait vite écrasé ce fier soulèvement,
Comment de vieux soldats formés dans les batailles
Allaient décimer vite, hélas ! de leurs mitrailles,
Les rangs mal affermis des jeunes révoltés,
Et les maisons en bois et les grains révoltés,
Le curé prend la croix sur l’autel de l’église
Et vient à nous. La foule alors se tranquillise.

Il conjure le peuple, au nom du Dieu d’amour,
De se montrer soumis et d’attendre le jour
Marqué par le Seigneur pour notre délivrance.
Nos habitants naïfs, touchés de sa souffrance,
Ou, peut-être, vaincus par la peur des combats,
Du couvent tour à tour s’éloignent le front bas,
Et Chénier reste seul ; oui, seul avec un autre,
Avec Léon !
Et, fort de son succès, l’apôtre