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tonkourou

Que rejette le vent sur la plage sonore ;
Puis elles se taisaient pour commencer encore.

Et les autels dorés étaient tendus de noir,
Et les chastes parfums montaient de l’encensoir.
Sur les voiles de deuil jetant leur flamme pâle,
Douze cierges semblaient autant de clous d’opale.
Des clercs en surplis blancs environnaient la croix ;
L’orgue mystérieux faisait gronder ses voix ;
Les chantres alternaient, disant leur strophe sainte,
Et des gens de partout comblaient l’auguste enceinte.

Au milieu de la foule étaient les mariniers.
On priait pour leurs morts. De ses propres deniers
La mère Jean Lozet, fidèle à sa promesse,
Leur faisait, ce jour-là, chanter une grand’messe.



Le curé ne pouvait bannir de ses esprits,
Sans trouble ou sans remords, ce qu’il avait appris
De la douce Louise et du beau capitaine.
Il savait la vertu bien souvent incertaine,
Mais il ne jugeait pas sur un vague motif.
Aux besoins de son peuple il était attentif.