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tonkourou

Et la foule bruyante, aux abords de la voie,
Criait, battait des mains et trépignait de joie.

Sous son manteau le fleuve est semblable au vallon
Où pas un arbrisseau, planté comme un jalon,
N’ouvre au souffle du Nord son voile de feuillage,
Où pas un filet d’eau ne fait son babillage.
On court en sûreté sur les torrents captifs
Que sillonnaient hier de fragiles esquifs.

C’est un jour de plaisir, c’est le grand jour des courses.
Heureux qui gagnera la victoire et les bourses !
Dans leurs traîneaux, debout, tous les guides rivaux
Du fouet et de la voix animent leurs chevaux.

Les voici ! Le premier qui s’élance et qui passe,
Obéissant au guide et dévorant l’espace,
C’est l’étalon vaillant du père Mathurin.
Celui qui le conduit est le jeune marin.
Ruzard de Jean Lozet dirige la cavale.
Il passe le second. Un étroit intervalle
Le sépare toujours du rival détesté.
Le troisième cheval a d’abord disputé,
Par son allure vive, au départ, la victoire :
Maintenant il va perdre et le prix et la gloire.