Page:LeMoine - Chasse et pêche au Canada, 1887.djvu/281

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Walton, le prince, le type des amateurs de pêche à la ligne, qui nous dévoile les secrets intimes de son art ; demain, le chantre des saisons, Thomson, nous entraînera près des torrents, aux pieds des cascades, pour nous mettre face à face avec le sombre et grandiose spectacle des montagnes, des fleuves du Canada et vous faire savourer l’amoureuse solitude des bois.

Rien n’échappe à l’enthousiasme du jeune voyageur, pas même les usages variés auxquelles l’écorce de bouleau peut servir : « On pourrait, dit-il, écrire un traité entier sur les merveilleuses qualités de l’écorce de bouleau, trésor sans prix du forestier. Pour l’habitant des bois, c’est une nacelle, une tente, une table, une assiette, un pot pour chauffer l’eau, une corbeille, une coupe, un panier, une casserole pour frire, une feuille de parchemin pour écrire, l’aliment pour son feu et mille autres objets essentiels à la vie. »

Écoutez-le décrire le sapin et dites-moi après cela, s’il n’y a pas chez lui quelques étincelles du feu sacré : « Arbre parfumé ! que n’ai-je le pinceau de Jules César, d’Homère, de Shakespeare ou même de Byron pour retracer dignement ta gloire ! Ô sapin, arbre chéri du pauvre bûcheron, affaissé sous le poids du jour, aussi bien que du langoureux chasseur qui échange pour la forêt, l’oisiveté des villes ! arbre, dont le parfum embaume la couche de tous ceux à qui Morphée verse ses pavots dans la solitude de la forêt ! un lit de tes flexibles rameaux est plus doux que l’édredon ; le monarque qui s’y reposerait y rêverait au paradis. Tu sais nous protéger contre la toux, le rhumatisme et les miasmes malfaisants que la terre laisse exhaler de son sein glacé. Avec ta verte feuillée, je puis me construire un douillet grabat où seront confondues la fermeté du matelas, la molasse du lit de plume et cet élasticité qui