Page:Le Bon - Psychologie de l’Éducation.djvu/169

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Dans ces âges antiques, qu’on nous offre encore pour modèles, il n’était pas permis au père d’avoir un enfant difforme ; et, s’il lui en naissait un contrefait, cet enfant devait mourir. À Sparte, l’État dirigeait l’éducation, sur laquelle le père n’avait aucun droit. La loi athénienne ne permettait pas au citoyen de vivre à l’écart des assemblées et de ne pas être magistrat à son tour. Quant à la liberté religieuse elle ne fut jamais réclamée. Il venait fort rarement à un Athénien l’idée de douter des dieux de la cité. Socrate paya de sa vie un tel doute. La loi punissait sévèrement quiconque se fût abstenu de célébrer religieusement une fête nationale. L’État interdisait même à l’homme les sentiments les plus naturels et n’autorisait chez lui qu’une sorte d’immense égoïsme collectif. Les Spartiates ayant éprouvé une défaite à Leuctres, les mères des morts durent se montrer en public avec un visage gai et remercier les dieux, alors que les mères des vivants devaient montrer de l’affliction. Quand Rousseau admire ce trait, il montre à quel point il ignorait ce que fut, dans l’antiquité, la tyrannie de l’État. La prétendue liberté antique dont les disciples de ce philosophe ont fait la base de leur système politique n’était que l’assujettissement absolu des citoyens. L’Inquisition, avec ses bûchers, ne constituait pas un régime plus dur.

Le seul argument sérieux que l’on pouvait invoquer, jadis, en faveur de l’éducation gréco-latine, c’est qu’elle avait contribué à former les hommes éminents des derniers siècles. À cette époque, elle représentait, en effet, l’encyclopédie des connaissances humaines. La Bible et les ouvrages grecs et latins constituaient à peu près les seules sources de connaissances aux-