Page:Le Degré des âges du plaisir, suivi de L’École des filles, 1863, T1.djvu/16

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me lisant, ce ne sera jamais que par hypocrisie, car vous êtes nés sans passions, ou l’histoire de ma vie et celle de l’amie de mon cœur est à peu près la vôtre.

Constance et moi, que je nommerai le chevalier de Belleval dans le cours de ces mémoires, naquîmes l’un et l’autre dans une ville peu distante de la capitale, à la suite de ces moments d’ivresse où le mâle avec ardeur, s’approchant de la femelle, cherche plutôt à satisfaire aux besoins de son tempérament qu’à remplir les vues de l’Être suprême qu’on soutient nous avoir créés pour l’usufruit de ses menus plaisirs.

La cheville ouvrière de mon père posa donc la première pierre de ma naissance dans les entrailles brûlantes de ma mère, à peu près dans le même temps que le membre érecteur du père de Constance, guidé par le plaisir, construisit son individu dans le canal voluptueux du priapisme de madame sa mère.

Tous deux fruits de l’amour, tous deux enfants du plaisir, et nos maisons se joignant, nous fûmes élevés ensemble, sous les mêmes yeux ; à l’âge du berceau, nous n’avions encore l’un pour l’autre que cette attraction sympathique, qui désigne que