Page:Le Fèvre-Deumier - Œuvres d'un désœuvré, tome 2, Les vespres de l’abbaye Du Val, 1842.djvu/476

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et comment espérer que l’homme s y dérobe.
Quand on le voit partout, pour mieux s’en prémunir,
L’installer dans les lois, qui doivent le punir :
Quand on le voit partout, de ses bourreaux complice,
D’une loque de pourpre habiller la justice ?
Si c’est là que le monde arrive, en s’éclairant,
Mieux vaudrait, en troupeaux, dansles forêts errant,
Au lieu de redresser un front noble et superbe,
Le pencher vers le sol, en y broutant son herbe.
Jean-Jacque a, je le crains, dit vrai pour l’avenir !
Ce n’est pas que Je veuille avec lui maintenir,
Que l’on est dépravé par cela seul qu’on pense :
Ce serait avilir un don que Dieu dispense ;
Mais j’ai peur qu’il n’ait eu raison de l’avancer :
C’est en se dépravant, qu’on apprend à penser.
Le crime et le malheur, qu’à sa suite il amène,
Sont du même âge, hélas ! que la pensée humaine.

II

Quand nous redescendons vers ces jours sourcilleux,
Où comme leurs forêts végétaient nos aicux,
Nous n’y retrouvons pas les traces de nos larmes :
Mais naît-il à l’esprit, l’homme naît aux alarmes ;
En songeant au malheur, il l’a vu commencer.
Lorsqu’’en ses vieilles mœurs il eut senti glisser
Cet instinct d’union, que, dans la solitude,
De son morne bonheur étouffait l’habitude,