Page:Le Fèvre-Deumier - Œuvres d'un désœuvré, tome 2, Les vespres de l’abbaye Du Val, 1842.djvu/477

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Il n’usa de ce don, que pour s’en attrister.
Du pacte social prompt à se dégoûter,
Il s’aperçut bientôt, dans sa raison sauvage,
Qu’il venait de forger son collier d’esclavage,
Et voulut, par les lois, retourner, pas à pas,
Vers ces temps primitifs, où l’on n’en avait pas.
Que l’homme vers ce but s’est bien trompé de route !
Au lieu de consulter la sagesse du doute,
Il a marché toujours, sans se rien demander,
Toujours les yeux ouverts, pour ne rien regarder.
Quelquechemin qu’il prenne, on le voit, dans sa rage,
Y dresser de ses dieux l’autel anthropophage,
Et, mettant une hache aux mains de l’équité,
Contrefaire le crime avec sécurité.

III


Pauvres mortels ! vos lois, avec leurs représailles,
Empiètent, sans remords, sur l’horreur des batailles.
Et que sert, répondez, la mort d’un assassin ?
Qui ressuscitez-vous, en lui perçant le sein ?
Personne : c’est greffer un forfait sur un autre.
Ia frappé son frère, et vous frappez le vôtre :
Lui, la nuit : vous, le jour : que m’importe ! Le sang,
Quand je le vois couler, est toujours innocent.
Se peut-il que la terre, unanime en démence,
Du Code universel ait rayé la clémence ?