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LA MYSTÉRIEUSE AVENTURE DE FRIDETTE

d’être !… Oui, sur le bateau, déjà, quand vous jouiez au tennis avec lui, j’enviais sa légèreté, son adresse, qui lui permettait cette fréquentation dont je m’exaspérais…

— André… interrompit-elle…

— … Je me sentais si invinciblement attiré vers vous.

— Oh ! André !… André !…

Et elle ajouta, mise en confiance par cet aveu, si simple, si touchant :

— Moi aussi, je vous aime… et je ne saurais vous dire les transes effroyables par lesquelles j’ai passé durant ces trois jours que j’ai vécus, seule ici, avec ce misérable, soupçonnant le sort affreux qui devait être le vôtre et ne pouvant rien pour vous…

Ils demeurèrent longtemps, sans parler, les yeux rivés sur l’admirable panorama que faisait à leur pied le miroir étincelant du lac, dont les eaux, frappées par les dernières lueurs du jour, semblaient d’argent poli…

Enfin le soleil disparut derrière le Grosshorn et subitement l’espace s’assombrit.

— Rentrons, fit-elle tout à coup en se levant.

— Je voudrais pouvoir rester éternellement ici ; il me semble que l’air est encore tout vibrant de votre aveu, et ce m’est une musique délicieuse…

— Venez, dit-elle gentiment moqueuse ; cette musique pourrait vous être pernicieuse, d’autant plus qu’au chalet, bien au chaud dans la salle, vous pour-