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LA MYSTÉRIEUSE AVENTURE DE FRIDETTE

Merlier n’était plus qu’un amoncellement titanesque de blocs chaotiques sous lesquels se trouvait enseveli à jamais le secret du vieux patriote…

André poussa un cri de désespoir ; puis, comme subitement frappé de folie et d’épouvante au milieu de ce désert glacé où nul bruit ne s’entendait plus, dans lequel même le grondement sourd des torrents s’était éteint, ayant l’impression d’être descendu vivant dans une tombe, il se mit à fuir, précédé de Fellow. Guidé par son instinct, l’animal l’entraînait par des fissures que le cataclysme avait creusées dans les parois de cette prison de glace, où il se trouvait quelques heures auparavant enfermé…

Et, pendant longtemps, sans avoir même conscience de la fuite des heures, la tête perdue, les jambes flageolantes, soutenu par une seule idée, idée fixe comme en ont les fous, il alla, gravissant les pics, descendant les moraines, fouillant l’horizon pour y découvrir le toit sauveur… aspirant au moment où il sentirait enfin sous son talon un sol de roc au lieu de cette surface glacée sur laquelle patinaient ses pieds brisés de fatigue…

Et voilà que, tout à coup, à ses yeux, dans le creux d’une vallée verdoyante, des maisons apparurent, toutes petites, ainsi que des jouets d’enfants…

Fiesch !… c’était Fiesch !…

Et cette vue, tout à coup, rendit à son cerveau toute sa lucidité !…

En quelques secondes, il eut conscience du miracle