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LA MYSTÉRIEUSE AVENTURE DE FRIDETTE

accompli, miracle qui réparait le désastre causé par la furieuse tourmente qui l’avait assailli, anéantissant d’un seul coup tous les efforts de François Merlier !…

Non, ce n’était pas en vain que le corps du patriote suisse reposait au sein des flots méditerranéens !…

Sa patrie et en même temps celle d’André Routier, — qu’il avait voulu protéger contre la traîtrise du kaiser, — pourraient être sauvegardées quand même.

Par le chemin que venait de suivre André, chemin qu’avec l’aide de Fellow il se faisait fort de retrouver, les troupes suisses pourraient arriver dans le Tessin quarante-huit heures plus tôt que si elles devaient emprunter la route de la Fürka ou du Grimsel…

Ainsi se trouverait barrée la route aux envahisseurs qui, au mépris des traités, envahiraient le territoire de la Confédération !…

De joie, André faisait l’effet d’un homme pris de boisson : il titubait en marchant, succombant sous le poids de son cher fardeau…

Et, tout à coup, son pied glissant, il s’affala sur le glacier dont il s’apprêtait à franchir la moraine, pour regagner une route aperçue non loin, serpentant aux flancs de la montagne et sur laquelle manœuvraient des troupes.

Mais, en perdant connaissance, il avait l’intime jouissance d’avoir accompli son devoir, tout son devoir de bon Français… Il suffisait maintenant qu’il vécût assez pour ne pas emporter, lui aussi, son secret dans sa tombe…